15 Janvier 2025

Ordre des audios : François Gernigon veut rassembler autour de sa proposition de loi

Le 15 janvier, le député François Gernigon a organisé un petit-déjeuner, à l’Assemblée nationale, pour présenter sa proposition de loi visant à créer un ordre des audioprothésistes aux parlementaires présents. L’objectif : motiver sa démarche destinée à « garantir éthique et excellence de cette profession d’avenir » et rallier un maximum de candidatures autour de son projet, qu’il estime « transpartisan ».

Par Ludivine Aubin-Karpinski
presentation loi web

Le député Horizons François Gernigon s’apprête à déposer, d’ici la fin du mois de janvier, une proposition de loi visant à créer un ordre national des audioprothésistes. C’est ce qu’il avait annoncé lors du 28e EPU en audioprothèse et ce qu’il a confirmé le 15 janvier, lors d’un petit-déjeuner qu’il a organisé à l’Assemblée nationale et qui a réuni une vingtaine de parlementaires de tous bords. La plupart étaient issus des partis MoDem, Horizons et Renaissance mais l’on comptait également des représentants d’autres groupes parlementaires, illustrant la portée « transpartisane » de la proposition de loi. Parmi les députés présents : Cyrille Isaac-Sibille (Les Démocrates), le porte-parole du PS, en première ligne sur les sujets de santé, Jérôme Guedj, Laurent Panifous du groupe LIOT (Libertés, indépendants, outre-mer et territoires) et Thierry Frappé du Rassemblement national.

François Gernigon a exposé les raisons qui ont motivé sa démarche. Selon lui, les audioprothésistes sont confrontés à de nombreux défis, qu'il a résumés : « Encadrement, formation, déontologie, qualité et lutte contre certaines pratiques frauduleuses ». Il entend ainsi donner à cette « profession d’avenir » les moyens de s’autoréguler pour « garantir la qualité et la sécurité de la prise en charge des patients qui font appel à [elle] ».

L Godinho et F. Gernigon web
Luis Godihno, vice-président du SDA, et le député François Gernigon.
Le député a ensuite donné la parole à Luis Godinho, vice-président du SDA. Celui-ci a rappelé l'enjeu majeur de santé publique que représente le déficit auditif du fait de son impact sur la santé globale – « une sorte de réaction en chaine » (isolement, dépression, chutes, déclin cognitif, perte d'autonomie...). « C’est un “handicap méconnu, touchant une population vulnérable”, pour reprendre le titre d’un article de Santé publique France en 2015, a-t-il expliqué. Pourtant la prévalence est importante : on estime que 8 millions de personnes souffriront d’un déficit auditif en 2030. C’est aussi un défi populationnel à venir au regard du vieillissement de la population. » Le vice-président du SDA a rappelé ensuite que « l'intérêt préventif » de l'appareillage auditif a été validé par plusieurs études scientifiques, expliquant des rendements sur investissement « exceptionnels ». L’occasion pour lui d’insister auprès des parlementaires sur le rôle de l’audioprothésiste et le caractère opérateur-dépendant de cette profession, « à forte asymétrie d'information », et dont l’activité « s'apparente davantage à celle d'un infirmier ou d’un kinésithérapeute qu’à celle d’un opticien ». « La satisfaction du patient, facteur d’observance, dépend en grande partie du savoir-faire de l’audioprothésiste », a encore expliqué Luis Godinho.

De nombreux soutiens

Le SDA plaide ainsi depuis deux ans pour l’instauration d’un ordre. « Nous avons convaincus beaucoup de monde : les présidents des sept ordres de santé et le CNP ORL, a souligné Luis Godinho. Et tout récemment, en décembre, Lionel Collet, président de la HAS, a publiquement rappelé tous les avantages qu’un ordre confèrerait à la profession. Le soutien dans la profession est lui aussi très fort, que ce soit le SDA, le Collège national d’audioprothèse et les étudiants. Les seuls qui peuvent être réservés, c’est le syndicat des enseignes [Synea], qui comprend des filiales de multinationales et des enseignes d’optique, par essence peu favorable à l’instauration d’une instance ordinale, susceptible de participer à surveiller le développement de la financiarisation de la profession ou à ce que leurs audioprothésistes salariés répondent à une autre autorité que la leur. »

C. Isaac Sibille web
Le député – et ORL – Cyrille Isaac-Sibille a « salué l'initiative » de cette proposition de loi.
Questionné sur l’intérêt d’une telle instance alors que des contrôles sont déjà effectués par l’Assurance maladie ou la DGCCRF, l’audioprothésiste a répondu : « On a poussé un ordre parce qu’on pense qu’il n’est pas possible aujourd’hui que la régulation de notre secteur soit effectuée par les pouvoirs publics. C’est une démarche pragmatique et non politique, ce n’est pas du tout une façon de se pousser du col. Donner les moyens à notre profession de s’autoréguler permettra à l’Assurance maladie de passer moins de temps à courir après la fraude et plus de temps à faire du “aller vers”, notamment pour les personnes les plus modestes qui ne jouissent pas toujours de leurs droits. »

Les audioprothésistes ne sont d’ailleurs pas les seuls à souhaiter la création d’un ordre. D’autres professions de santé sont engagées dans la même réflexion, d’après Jérôme Guedj. « On voit bien qu’il y a besoin de régulation à plusieurs endroits. Notamment les aides-soignantes », a-t-il relevé.

Le sujet des diplômés des écoles espagnoles a également été abordé par les parlementaires. Pour François Gernigon, un ordre « veillera à ce que chaque audioprothésiste maintienne un haut niveau d’expertise, en assurant la certification périodique des compétences, et à éviter que certains ne fassent de la quantité plutôt que de la qualité ».

À l’issue de la réunion, le député a assuré qu’il allait déposer sa proposition de loi avant la fin du mois de janvier, comptant sur cette présentation pour rallier de nouvelles signatures.

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