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Responsable du programme d’Implantologie auditive et de l’UF Chirurgie ambulatoire du CHU de Clermont-Ferrand, le Pr Thierry Mom développe et oriente depuis la fin des années 1990 des travaux de recherche clinique et fondamentale sur la pathologie et les traitements de l’oreille interne. Dans cette optique, sa collaboration avec le Pr Paul Avan, biophysicien et ancien directeur d’une des équipes de recherche de l’UMR 1107, a été fondamentale.
Son équipe s’attache notamment à décortiquer la physiopathologie qui sous-tend le dysfonctionnement de l'équilibre pressionnel des liquides de l'oreille interne caractérisant la maladie de Ménière. « Un de nos faits d’armes est d’avoir démontré que la dérégulation de la pression liquidienne dans l’oreille interne pouvait être détectée ou confirmée facilement et sans méthode invasive par le recueil des signaux cochléaires et les oto-émissions acoustiques », rappelle le Pr Mom, membre de la SFA depuis une dizaine d’années.
Les conséquences du traitement chirurgical du schwannome vestibulaire sur l’audition, dans les cas où l’audition a pu être au moins en partie préservée, a permis de mieux comprendre les mécanismes délétères sur l’audition. « Dans le cas du neurinome de l’acoustique, l’examen minutieux de l’audition résiduelle après chirurgie offre des informations sur la partie des voies auditives – cochlée, ou nerf cochléaire – endommagée par la procédure, ce qui devrait permettre une meilleure réhabilitation auditive postopératoire », explique encore l’enseignant-chercheur. Une étude publiée en mars 2024 prenant en compte une série de cas avec préservation partielle de l’audition a mis en lumière quatre mécanismes lésionnels possibles : la section élective des fibres nerveuses des fréquence aigües, la détérioration de la gaine de myéline du nerf cochléaire avec altération majeure des signaux auditifs mais sans compromission de l’audition, l’ischémie cochléaire partielle, et l’atteinte élective du nerf cochléaire, cette dernière pouvant être réversible.
Pionnier
La préservation de l’audition dans l’implantation cochléaire est, depuis de nombreuses années, un autre aspect qui mobilise l’équipe du Pr Mom, pionnière dans l’association de l’insertion robotisée et de la fluoroscopie. En 2022, l’efficacité de cette association a été illustrée dans une étude préliminaire sur 23 patients dont seuls trois cas ont nécessité une révision manuelle de l’insertion. « Le couplage de l’insertion robotisée avec la scopie numérisée permet l’avancée lente et régulière du porte-électrodes ainsi qu’un contrôle de cette progression en temps réel dans la cochlée avec, probablement, une chance accrue de préserver l’audition résiduelle du patient », synthétise Thierry Mom. Il est aujourd’hui le premier à prôner l’association de ces deux techniques. Une association applicable à presque tous les cas, à l’exception de ceux présentant une fibrose avancée.
Les fluctuations de performances auditives chez les personnes implantées et leurs explications physiologiques sont un autre axe d’étude de l’équipe. Afin de faire surgir de nouvelles connaissances sur ce thème, un projet de recherche fondamentale a récemment été initié. « Ce travail visera à tester la résistance de la cochlée implantée chez l’animal vivant afin de comprendre ce qu’il advient autour des électrodes et comment la cochlée se comporte dans différentes situations de stress et lors de l’emploi de drogues, avec l’objectif de faciliter le choix des traitements quand ces fluctuations de performances sont constatées », prévoit Thierry Mom.
