Prenez un ticket

Début mai, à quelques jours de la journée internationale des infirmières et infirmiers, le ministre de la Santé, François Braun, sautait de plateaux télé en studios radio pour annoncer ses solutions visant à lutter contre les déserts médicaux. Parmi ces propositions, la refonte complète de la profession d’infirmier·ère, et de sa formation. Une concertation a été lancée et le projet sera ficelé pour la rentrée 2024, pouvait-on l’entendre répéter.

Pourquoi une telle urgence ? Deux arguments principaux : d’abord parce qu’il y a aujourd’hui un réel décalage entre ce qui est enseigné lors des trois années de formation et la pratique de la profession, et ensuite parce que les textes de loi qui cadrent l’exercice de la profession n’ont pas été revus depuis des lustres. Tiens ! Ça rappelle quelque chose. Voilà un argumentaire qui pourrait bien s’appliquer à la profession d’audioprothésiste.

Comme les acteurs du secteur le rabâchent depuis plusieurs années, la maquette de formation des audioprothésistes, comme celle des infirmier·ères, n’est plus à jour. Les nouveautés technologiques, les découvertes scientifiques... l’ont rendue obsolète. Et si le décret d’actes des infirmiers date de 20 ans, les audioprothésistes, eux, n’en possèdent même pas. Certes, ce texte n’est pas indispensable dans la mesure où seuls les audioprothésistes sont habilités à appareiller, mais dans un contexte de délégations de tâches envisagées, il sera peut-être nécessaire de bien border les choses prochainement, afin d’éviter les exercices illégaux.

Il est vrai qu’on compte plus de 700 000 infirmier·ères en France, contre un peu moins de 5 000 audios, et que ces derniers ne sont donc pas prioritaires. Néanmoins, la profession demande aujourd’hui de concert la réingénierie de la formation. Peut-être faut-il pour cela prendre un ticket.