28 Juin 2024

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Près de la moitié des enfants sourds profonds atteints de troubles vestibulaires

Une étude rétrospective montre que les enfants qui souffrent de surdité profonde sont souvent sujet à des atteintes vestibulaires également. Des résultats qui plaident pour qu’une attention soit portée sur ces troubles lors de la prise en charge des patients sourds.

Par Bruno Scala
enfant equilibre

Alors qu’ils étaient largement ignorés il y a encore quelques années, les liens entre les troubles vestibulaires et auditifs sont de plus en plus étudiés aujourd’hui. La Dr Sylvette Wiener-Vacher, qui exerçait à l’hôpital Robert-Debré et qui poursuit aujourd’hui des activités de recherche au Ceriah, à l’Institut Pasteur, est une pionnière dans ce domaine. Elle milite depuis des années pour que la fonction vestibulaire soit systématiquement évaluée lors d’un bilan de l’audition. « Il y a 30 ans, personne ne testait le vestibule de l’enfant, considérant que c’était trop difficile, que les techniques n’étaient pas adaptables ; personne n’osait. Alors que cette fonction vestibulaire est très importante dans le développement de l’enfant et qu’il y a autant de pathologies chez l’enfant que chez l’adulte. Aujourd’hui, ça commence juste à s'installer. »

Il y a 30 ans, personne ne testait le vestibule de l’enfant, considérant que c’était trop difficile, que les techniques n’étaient pas adaptables.

Dr Sylvette Wiener-Vacher, ORL et chercheuse au Ceriah

Dans une étude récemment publiée, elle montre que les enfants qui souffrent de troubles de l’audition présentent très souvent des atteintes vestibulaires également. Cette analyse rétrospective a porté sur 592 enfants ayant une perte auditive bilatérale profonde. Parmi eux, 44 % présentaient des troubles du vestibule. « C’est très important, et ça n’est donc plus discutable », tranche la Dr Wiener-Vacher.

Ce sont plus particulièrement les enfants avec des surdités génétiques syndromiques qui étaient concernés par cette double atteinte (78 % d’entre eux), suivis des enfants présentant une surdité due à une infection au CMV (69 % d’entre eux). Dans la majorité des cas, la perte de la fonction vestibulaire était partielle (89 %). Et tous ces enfants étaient candidats à l’implantation cochléaire.

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La Dr Wiener-Vacher plaide donc pour que soit systématiquement testée la fonction vestibulaire des enfants candidats à l’implantation cochléaire. Sur ce sujet, il y a deux écoles : les professionnels de santé qui considèrent que la fonction auditive prime, qu’une réhabilitation binaurale permet d’ailleurs d'améliorer l’orientation dans l’espace, et qu’il faut donc privilégier une implantation bilatérale chez les enfants sourds profonds. D’autres professionnels de santé, comme la Dr Wiener-Vacher, estiment qu’il ne faut pas prendre le risque de dégrader la fonction vestibulaire. Selon elle, mieux vaut implanter unilatéralement dans un premier temps, puis vérifier si l’insertion de l’implant n’a pas provoqué de trouble vestibulaire avant d'implanter l’autre côté, ce qui implique de tester la fonction vestibulaire avant implantation, puis trois mois après.

Pour l’ORL parisienne, c’est important pour le développement de l’enfant. « Si un enfant perd sa fonction vestibulaire des deux côtés avant l’âge de deux ans, il risque d’avoir d’importants problèmes de développement ainsi que des difficultés pour des apprentissages cognitifs, car la fonction vestibulaire aide aux développements posturaux et moteurs mais aussi cognitifs. »

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