Qualité du suivi : les audios sur la sellette

Audiologie Demain et Audition TV inaugurent un nouveau programme, Le Débat !, sur des sujets d'actualité qui agitent et interrogent la filière auditive. Nous avons choisi de consacrer notre première émission à la qualité du suivi en audioprothèse, un des indicateurs clé de la réussite du 100 % Santé, ayant pour corollaire le maintien d’un bon niveau d’observance. Franck von Lennep, directeur de la Sécurité sociale, Lionel Collet, conseiller d’État, Luis Godinho, président du SDA, et Richard Darmon, président du Synea, étaient nos invités. Morceaux choisis.

Par Bruno Scala & Ludivine Aubin-Karpinski
Table ronde qualite

Franck von Lennep, directeur de la Sécurité sociale

Franck von Lennep securite sociale

  • Je pense que le modèle [de rémunération des audioprothésistes] bougera dans les prochaines années et que le modèle actuel dans lequel on paie d’emblée pour un suivi sur 5 ans sans que quoi que ce soit intervienne ensuite pose question et je pense qu’il n’existe nulle part ailleurs. Ce modèle doit bouger pour mieux intégrer le suivi et la qualité. Cela me semble assez évident.
  • Comment s’assurer que la profession répond aux attentes collectives de santé publique vis-à-vis des assurés ? Il y a plusieurs leviers : celui du contrôle et de la sanction – mais il ne peut pas être le seul –, il y a l’information et l’accompagnement des professionnels d’un côté, des assurés de l’autre. Le mieux serait que les professionnels s’en saisissent eux-mêmes, même sans ordre.
  • Notre rêve serait de rémunérer la qualité. C’est lent et compliqué. Évidemment, la télétransmission de la prestation de suivi n’est pas en soi un indicateur de qualité mais, c’est une étape obligée. Elle a bien progressé mais il me semble qu’on a encore au moins un tiers des patients pour lesquels il n’y en a pas. Ce qui me paraît encore un peu élevé.

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Lionel Collet, conseiller d’État

Lionel Collet

  • Je pense qu’on y viendra [au changement de mode de rémunération des audioprothésistes]. Et c’est votre profession [audioprothésiste] qui le demandera. Pour deux raisons : la mobilité du malentendant presbyacousique, qui peut être amené à faire son réglage ailleurs. Mais aussi, pour accroître l’image de la profession en la centrant sur la qualité de l’audioprothésiste, qui assure le suivi.
  • Il n’est pas inconcevable qu’un jour la délivrance d’un appareil auditif se fasse par Internet ou toute autre solution. Et, ce sera compliqué si vous n’avez pas la possibilité d’être rémunéré pour l’adapter. Ma conviction c’est que le sens de l’histoire ira vers un autre mode de rémunération que l’actuel.
  • Il ne peut pas y avoir d'interdiction générale et absolue de la communication pour les aides auditives. Simplement, elle doit être strictement encadrée. Et le plus simple serait que sur chaque publicité soit mentionné que l'appareil doit être adapté par un audioprothésiste diplômé et un rappel de l’importance du suivi.

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Richard Darmon, président du Synea

Richard Darmon

  • Derrière l’étape réussie de l’amélioration du taux de recours, la deuxième étape est le maintien d’un haut niveau d’observance. Ce qui est rassurant, c’est que la réforme embarque les piliers qui permettent de l’assurer : la définition très précise de ce qu’est le suivi, le reporting des prestations, les questionnaires patients pour mesurer la satisfaction dans le temps, et le compte-rendu aux ORL.
  • C’est par la transparence du travail de chacun que l’on progressera. Si on mixe l’information quantitative [la télétransmission des prestations de suivi] avec les questionnaires, nous obtiendrons une vision assez pointue des pratiques de chaque audioprothésiste. On y verra plus clair.
  • Ce ne sont pas les mauvaises pratiques qui m’inquiètent mais les pratiques frauduleuses. L’ensemble des acteurs sont co-responsables et doivent réagir. Nous devons jouer le rôle de lanceurs d’alertes. Les pratiques d’escrocs profitant du magnifique système qui a été mis en place au bénéfice des patients sont inacceptables. Il faut que les pouvoirs publics, que ce soit la DGCCRF ou les CPAM, nous aident au travers de contrôles.

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Luis Godinho, président du SDA

Luis Godinho

  • Le problème, c’est l’image. Est-ce que le patient perçoit qu’il va y avoir un suivi important ? Parce qu’aujourd’hui il y a peu de communication institutionnelle et il y a une communication commerciale axée sur les appareils. On peut parler de suivi tant qu’on veut entre nous, si le patient n’est pas convaincu lui-même que c’est le plus important, il sera difficile d’en obtenir un meilleur.
  • Les mauvais pratiques explosent parce que l’on a mis l’argent mais pas les règles.
  • Quand un audioprothésiste choisit un appareil [pour un patient], il l’assume pour 5 ans en moyenne. Ce choix sera différent s’il est fait pour une seule année. La meilleure solution est donc le moyennage entre des personnes qui viennent dix fois par an et d’autres une seule fois. Or ce moyennage n’est permis qu’avec la rémunération au forfait.
  • Aujourd’hui, la minorité qui ne fait pas bien son travail a fortement grandi depuis un an et demi parce que chaque patient en possession d’une ordonnance et d’un contrat responsable a une étiquette sur le front « 1 900 euros ». Communication commerciale et asymétrie de l’info mènent à l’augmentation de cette minorité.

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