Quand les associations mettent la pression

Par Ludivine Aubin-Karpinski & Bruno Scala
Edito AD12

Si le 100 % Santé constitue une véritable avancée dans la prise en charge des troubles de l‘audition en France, il reste encore du chemin à faire. Et s’il faut se réjouir d’une telle avancée, il est permis de souhaiter combler les « trous dans la raquette ». Trois ans après la mise en place de cette réforme, une partie de la population n’en bénéficie toujours pas. Des personnes disposant pourtant d’une complémentaire santé ignorent toujours l’existence de ce dispositif auxquelles il faut ajouter les Français éligibles à la CSS qui n’ont pas fait valoir leurs droits – plus d’un quart selon la Drees. Enfin, 3,6 % de la population ne bénéficient d’aucune couverture complémentaire d’après l'IRDES. Il s’agit le plus souvent de personnes vivant sous le seuil de pauvreté et éloignées du système de santé classique.

Les personnes en perte d’autonomie, à domicile ou en Ehpad, parce qu’elles ne peuvent se déplacer et parce que, en théorie, les audioprothésistes ne sont pas autorisés à exercer en dehors de leurs centres, ne peuvent pas non plus bénéficier de la réforme.

SurdiFrance, soutenue par la Fondation pour l’audition, a tout récemment saisi la HAS pour l’élaboration de recommandations pour la prise en charge audioprothétique des enfants, des adultes sourds sévères à profonds et des acouphéniques. Le Collège de la HAS, « considérant l’importance des problématiques financières, notamment le reste à charge, auquel peuvent être confrontées les personnes atteintes de surdité sévères ou profondes ou d’acouphènes invalidants qui ne seraient pas appareillées de façon satisfaisante avec les appareils de classe I » a rappelé que « cet objectif de réduction du reste à charge s’inscrit dans un objectif de réduction des inégalités sociales de santé tel le prévoit la stratégie nationale de santé actuelle » et a relayé la demande des associations auprès du ministère de la Santé.

Quant aux acouphènes, l'Afrépa œuvre depuis des années à une meilleure prise en charge. La JNA, elle, vient de dévoiler, dans le cadre d’une étude réalisée avec France Acouphènes, les chiffres choc de leur poids économique et social : 11,8 milliards d’euros par an. Des résultats concomitants avec la décision de la HAS de rédiger des recommandations qui seront prêtes fin 2024. Pour les autres laissés-pour-compte, la balle est dans le camp du ministère. Reste à voir ce qu’il en fera.

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