AD : Pourquoi un webinaire sur l’évaluation de la fonction rétrocochléaire vous a paru utile ?
HTV : Le but est d’informer le plus grand nombre sur ces tests qui font partie du paysage de l’audiologie française depuis au moins 35 ans. Comme pour toute mesure ou évaluation, ils ont bénéficié d’innovations technologiques et ils permettent de répondre aujourd’hui à beaucoup plus de questions qu’auparavant.
AD : Précisément, à quelles questions répond-elle ?
HTV : Il est indispensable dans nombre de situations cliniques audiologiques de routine de pouvoir compléter l’audiométrie par des mesures objectives. C’est notamment le cas aux âges extrêmes et dès qu’un trouble de la communication ou des désordres cognitifs questionnent la validité de l’audiométrie subjective. Cette évaluation permet notamment de :
- confirmer et préciser le degré de la surdité ;
- évaluer la maturation du système nerveux auditif ;
- documenter les nouvelles pathologies de l’audition qui sont dorénavant éligibles à l’appareillage auditif. En particulier, les PEA sont indispensables pour asseoir le diagnostic de neuropathie auditive. En effet, celui-ci repose sur la mise en évidence au test de PEA du potentiel microphonique cochléaire en l’absence d’onde de PEA reproductible.
AD : Quel matériel est nécessaire pour réaliser ces examens ?
HTV : Le Biap a émis plusieurs recommandations à destination des fabricants d’appareils de mesure, afin qu’ils incorporent plusieurs technologies. Tout d’abord le PEA au clic. C‘est le test de base, le gold standard. Il fournit un bon panorama de la maturation ou de l’état de fonctionnement du système nerveux auditif (voie afférente). Il sert de référence pour des variables biologiques : latence et délai de conduction des ondes I, II et V. Toutefois, il ne fournit des informations qu’entre 2 000 et 4 000 Hz. Des PEA à des fréquences spécifiques sont donc nécessaires. On réalise cela avec des bouffées tonales, fixées à une fréquence donnée. L’ASSR, présenté par Paul Deltenre, permet aussi de tester ces voies à des fréquences spécifiques. Il faut mesurer cela en conduction aérienne et osseuse. Cette dernière est très importante : un patient avec une pathologie d’oreille moyenne peut obtenir des résultats anormaux au casque alors que l’oreille interne et le nerf auditif fonctionnent normalement.
Ces trois tests électrophysiologiques rétrocochléaires – PEA par clics en conduction aérienne, réponses auditives fréquence-spécifique et PEA en conduction osseuse – sont indispensables mais, j’insiste, il faut toujours interpréter leurs résultats en conjonction avec les mesures audiométriques.