Organisée par l’ANA, la 10e édition de la semaine de la Santé auditive au travail a débuté lundi 3 novembre par la présentation des résultats du nouveau baromètre national ANA–Ifop 2025, consacré au bruit et à la santé au travail. La campagne se poursuit jusqu’au 8 novembre avec des actions de sensibilisation des salariés et employeurs sur les risques auditifs en milieu professionnel. L’enquête a été menée par l’Ifop, auprès de 1 528 actifs, via un questionnaire en ligne sur l’exposition au bruit dans leur environnement de travail.
Ce nouveau baromètre de la santé auditive au travail confirme les grandes tendances observées depuis dix ans. Il montre notamment que plus d’un actif sur deux s’estime gêné par le bruit et les nuisances sonores au travail (56 %). Parmi les travailleurs gênés, 43 % ont demandé ou envisagé de demander un équipement de protection individuelle contre le bruit, et la même proportion a effectué ou envisagé un test auditif. Ils sont 39 % à avoir consulté un médecin ou envisagé de le faire.
Par ailleurs, 73 % des sondés estiment que le bruit et les nuisances sonores sur leur lieu de travail ont au moins une répercussion sur leur santé. Fatigue, lassitude et irritabilité, difficultés de concentration et stress sont les principales conséquences citées par les actifs, avant la gêne auditive, les acouphènes (35 %) et les surdités (29 %).
Derrière ces chiffres se cachent des disparités : les femmes, les actifs les plus pauvres et les malentendants s’estiment par exemple davantage affectés.
- 58 % des femmes se sentent gênées par le bruit et les nuisances sonores sur leur lieu de travail, contre 54 % des hommes. Autant exposées que les hommes, elles sont moins enclines à entreprendre ou à envisager des actions de protection et se sentent un peu moins accompagnées par leur employeur pour ce faire.
- 54 % des travailleurs et travailleuses aux revenus les plus modestes se disent gêné·es par le bruit sur leur lieu de travail. Ils se déclarent aussi plus enclins à s’en protéger.
- Les actifs qui sont atteints de surdité ou d’acouphènes se déclarent davantage sujets à d’autres symptômes causés par le bruit au travail.
Le seuil règlementaire de 80 dB(A) en milieu professionnel qui vise à protéger la santé auditive semble donc insuffisant pour préserver plus globalement la santé des travailleurs. Les expositions de 55-75 dB(A) font d’ailleurs partie des facteurs de risques psychosociaux (fatigue, stress…) et affectent également les capacités cognitives. « A partir de 53 dB, tous les 10 dB, on observe une majoration de 5 % du risque cardiovasculaire et de 3,3 % du risque d’accident vasculaire cérébral », souligne le Pr Jean-Luc Puel, président de l’ANA.
