Carte d’identité des professionnels de l’audition
ORL : une population vieillissante
L’âge moyen des ORL en France est de près de 53 ans (52,9). Sur 46 spécialités dont ce critère est renseigné dans les données de la Drees, l’ORL figure à la 8e position au classement des plus âgées. Un ORL sur cinq a 65 ans ou plus ! Plus de 40 % des ORL ont franchi le cap des 60 ans ! Le constat est encore plus flagrant chez les hommes, où près de la moitié sont au moins sexagénaires. Ce qui veut dire qu’une grande partie de ces professionnels vont partir à la retraite dans la décennie à venir, laissant place vacante, à l’heure où la spécialité vit déjà une pénurie (lire notre dossier Malentendant cherche prescripteur).
Du salariat à l'entrepreneuriat
Sur 4 125 audioprothésistes, on compte 1 298 indépendants et 2 827 salariés, soit un ratio d’environ 30-70 en faveur du salariat. Une situation probablement plus confortable, surtout étant donné la conjoncture. Et, compte tenu de la situation sanitaire, l’équilibre ne devrait pas évoluer prochainement. Comme le montrent les données de la Drees, l’entrepreneuriat est davantage un choix de fin ou de milieu de carrière. Les plus jeunes diplômés sont en effet rares à se lancer directement dans cette aventure préférant bénéficier avant de quelques années de « compagnonnage ». Ainsi, chez les audioprothésistes de moins de 25 ans, à peine 5 % se lancent à leur compte. À l’inverse, en toute fin de carrière (chez les plus de 65 ans), il ne reste que 41 % de salariés.
Entrepreneuriat : une inégalité hommes-femmes
Si environ un tiers des audioprothésistes sont à leur compte, cette situation concerne davantage les hommes. Et ce, quelle que soit la tranche d’âge considérée. Les données de la Drees indiquent en effet que deux tiers des audioprothésistes non salariés sont des hommes. Logiquement, les effectifs de salariés sont essentiellement composés de femmes : 55 %. Cette situation concorde avec les données sur l’entrepreneuriat global en France : selon l’Insee, en 2012, 37 % des entrepreneurs individuels étaient des femmes et un quart des gérants de SARL étaient des gérantes. Parmi les raisons avancées, on compte notamment la stabilité choisie par les femmes afin de mener plus aisément et de front vie professionnelle et vie familiale... Cet argument est d’ailleurs corroboré par le fait que, chez les audioprothésistes, c’est autour de 35 ans que l’écart se creuse entre les hommes, nombreux à tenter l’aventure, et les femmes, moins enclines à le faire.
Une densité hétérogène...
Les analyses de la densité des professionnels de santé de l’audition (ORL et audioprothésistes) montrent une importante disparité territoriale. Alors que certains départements sont abondamment pourvus, dépassant 10 audioprothésistes ou ORL par habitant, certains peuvent sans exagération être qualifiés de déserts. C’est le cas de la Seine-Saint-Denis et de l’Eure qui disposent de moins de 3 audioprothésistes pour 100 000 habitants, ou encore de la Lozère et du Gers qui ne comptent même pas deux ORL pour 100 000 habitants. Dans l’ensemble, l’Outre-mer est particulièrement mal pourvu.
Et non adaptée à la patientèle
La densité des audioprothésistes est tout aussi hétérogène si l’on considère leur principale patientèle : les seniors. Ici encore, l’Outre-mer campe en bas du classement, accompagné de la Creuse et du Cher, où l’on compte moins de 10 audioprothésistes pour 100 000 habitants âgés de 60 ans ou plus. Soit un pour 10 000 seniors ! Sachant que l’Enquête santé européenne - Enquête santé et protection sociale (EHIS-ESPS ) 2014 indiquait que plus de la moitié des 65 ans et plus déclaraient souffrir de troubles de l’audition. Soit, potentiellement, 5 000 patients pour chaque audioprothésiste dans ces zones… Futurs diplômés, vous savez où vous installer ! À noter toutefois que les données de la Drees considèrent le département d’inscription des audioprothésistes, soit, en général, du centre principal.