Stagnation des effectifs
Au 1er janvier 2021, la Drees recensait 2 999 médecins ORL. Soit un nombre à peu près équivalent à celui de l’année 2002, vingt ans plus tôt (2 973). Parmi les médecins, l’ORL est l’une des spécialités dont la population a le moins augmenté depuis 2002. Elle se positionne au 6e rang de ce classement, sur une quarantaine de spécialités. À titre de comparaison, le nombre d’ophtalmologistes a progressé de 7 % environ. Quant aux chirurgiens pédiatriques, ils sont quatre fois plus nombreux aujourd’hui qu’en 2002 ! Les généralistes, eux, suivent la même tendance que les ORL, avec une augmentation pas plus importante que l'épaisseur du trait au cours de ces deux dernières décennies.
Et baisse à venir
La Drees a publié en septembre 2021 une actualisation de ses projections concernant les effectifs de médecins. Pour l'ORL, elle prévoit une chute sévère jusqu'en 2030 environ, où le nombre spécialistes passerait sous la barre des 2 500. En cause, notamment : la fin de carrière de nombreux ORL (voir graphique ci-contre). Puis les effectifs s'étofferaient pour atteindre à nouveau 3 000 ORL vers 2045. Les 20 prochaines années s'annoncent compliquées...
En contradiction avec les besoins
Non seulement la population des ORL stagne et va chuter lors des 20 prochaines années, mais en plus, cette dynamique est en contradiction avec les besoins : la population de seniors est en hausse (+44 % en 20 ans), les ventes d’aides auditives également (+96 % en 14 ans), ainsi que les effectifs des autres professionnels de l’audition : orthophonistes et audioprothésistes (respectivement +89 et +184 % en 20 ans).
Une population vieillissante
La pyramide des âges des médecins ORL montre que cette population est vieillissante. Quatre ORL sur dix ont 60 ans ou plus ! Alors que si l’on considère l’ensemble des médecins, cette statistique tombe à trois sur dix (ce qui est déjà plutôt élevé !). Encore plus symbolique de ce vieillissement : plus de deux ORL sur dix ont 65 ans ou plus ! C’est la catégorie d’âge la plus représentée dans cette spécialité. Plus de 600 ORL sont ainsi en âge de partir à la retraite !
La pyramide des âges laisse par ailleurs apparaître une forte disparité femmes-hommes. Seules 3 ORL sur 10 appartiennent à la gent féminine (alors que la parité est quasiment respectée sur l’ensemble des médecins). En outre, on retrouve ces dernières en très faible proportion dans les tranches d’âge élevées : elles représentent seulement un praticien âgé de plus de 65 ans sur 10. À l’inverse, la parité est respectée – les femmes sont même très légèrement sur-représentées – chez les ORL de moins de 40 ans. Ainsi, dans quelques années, les chiffres devraient s’équilibrer sur l’ensemble de la spécialité.
Une répartition inégale
La carte de répartition des ORL, département par département, fait apparaitre des zones très clairsemées. Ici, nous nous sommes focalisés sur l’offre pour les patients seniors (60 ans et plus) qui, dans le domaine de l’audition, sont les plus susceptibles de faire appel à un ORL. En France métropolitaine, 4 départements montrent des densités préoccupantes, avec moins de 5 ORL pour 100 000 seniors : la Creuse, le Lot-et-Garonne, la Lozère et le Gers. En Creuse et en Lozère, la Drees n’a recensé qu’un seul ORL ! On est très loin des 310 ORL parisiens ! Ce qui fait de la capitale la ville proposant la meilleure offre de soins, avec 64 ORL pour 100 000 seniors (ce qui n’empêche pas de devoir patienter plusieurs mois pour obtenir un rendez-vous chez certains d’entre eux...).
