Un point pour le parcours non médicalisé ?

Une étude montre que l’appareillage réalisé hors de la voie médicalisée aurait des bénéfices sur la communication de ceux qui en bénéficient.

Par Bruno Scala

contourMed
C'est typiquement le type d’étude qui justifie la politique des aides auditives over-the-counter (OTC) aux États-Unis. L'équipe de Frank Lin – par ailleurs un partisan de cette politique voire un artisan de sa mise en œuvre –, à la Johns-Hopkins Medical School de Baltimore, a récemment publié les résultats d’un essai clinique interventionnel réalisé sur une population âgée et défavorisée de Baltimore. L’étude montre que des assistants d’écoute – « similaires aux aides auditives OTC actuelles et attendues », précise Carrie Nieman, première autrice de l’étude – permettent d’améliorer la fonction de communication, évaluée par questionnaire.

191 personnes ont participé à cette étude, âgées de plus de 60 ans (en moyenne 77 ans). Environ la moitié se sont vu délivrer des assistants d’écoute (les OTC n'existaient pas encore) par un travailleur social communautaire : lors d’un rendez-vous durant maximum deux heures, l’appareil était ajusté sur leurs oreilles et des instructions sur le fonctionnement leur étaient fournies. L’autre moitié était placée sur une liste d’attente et ne recevait donc aucun traitement. Des questionnaires HHIE -S étaient réalisés au début de l’expérience puis trois mois après. Durant cette période, le score est passé de 22 à 8 pour le groupe ayant reçu un assistant d’écoute, alors qu’il n’a pas évolué pour le groupe « liste d’attente ».

Pour les auteurs, ces résultats montrent qu’il est possible, aux États-Unis, de répondre au problème de santé publique croissant que représente la perte auditive, par une autre voie que la voie médicalisée, et d’obtenir néanmoins de bons résultats. En particulier pour des personnes peu favorisées : deux tiers de l’échantillon ont de faibles revenus, la moitié ne possède ni n’utilise d’ordinateur et 45 % n’ont pas de smartphone. Des résultats à relativiser néanmoins : car, entre pas d'appareillage du tout et l'apport des assistants d'écoute, il n'est pas illogique que les utilisateurs aient relevé un bénéfice. Aux États-Unis, les aides auditives ne sont pas prises en charge par l’assurance santé publique Medicare (ce qui pourrait néanmoins changer prochainement). C’est une des raisons qui avaient poussé le gouvernement Obama à imaginer la catégorie des OTC, plus accessible et sans prescription, avec les risques que cela comporte. Ici, les auteurs assurent néanmoins avoir pris de nombreuses mesures pour réduire le risque de passer à côté de pathologies médicales : « Tous les participants ont été interrogés sur les symptômes redflag, comme un changement soudain de l’audition, des vertiges, une perte auditive asymétrique, etc. et n’ont pas pu s’inscrire à l’étude s'il y avait des soucis, détaille Carie Nieman. Toutes les personnes ont réalisé un dépistage auditif et ont été évaluées pour les asymétries. Nous les informions qu’il ne s’agissait pas d’une évaluation audiologique ou médicale complète, et nous fournissions à tous les participants des informations sur comment et où obtenir une évaluation médicale et audiologique formelle. » Un accompagnement qui ne reflète toutefois pas la configuration classique pour la délivrance de ces appareils, vendus en ligne ou « sur le comptoir ».

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