Coup d’arrêt dans la progression du chiffre d’affaires
Pour la première fois depuis 2014, l’étude Audioscope réalisée par Gallileo Business Consulting révèle une diminution du chiffre d’affaires annuel du centre principal, en moyenne, chez les audioprothésistes interrogés. Alors que ce chiffre progressait lentement mais sûrement, atteignant 330 000 € en 2019, il aura chuté à 314 000 € fin 2020, soit la valeur de l’année 2017. Si cette baisse était attendue du fait de la crise sanitaire, il faut la relativiser : « Ces chiffres sont en fait positifs car les centres ont dû fermer environ 3 mois [nombreux sont restés ouverts, mais le flux de patients était évidemment moindre, NDLR]. On est loin de la perte de 15 à 20 % que certains industriels avaient crainte, commente Maher Kassab, fondateur de Gallileo Business Consulting. Cette bonne résistance à la crise est une preuve que le marché de l’aide auditive est dynamique. » Une analyse qui fait écho à celle de l’économiste de la santé Laurence Hartmann.
Déjà une baisse des prix
Alors que 33 % des centres voient une progression de leur CA pour l’année 2020, le nombre moyen d’aides auditives vendues est stable (239 en 2020 contre 237 en 2019). En revanche, le prix moyen de l’aide auditive chute de façon importante, passant de 1 399 € à 1 328 € (soit une baisse de 5 %). « C’est un indicateur qu’il faut surveiller dans les prochains mois et années, alerte Maher Kassab. Plusieurs facteurs ont provoqué cette baisse de prix. D’abord, le fait que le marché soit devenu très concurrentiel, ce qui n’était pas le cas il y a cinq ans, avec l’entrée des acteurs de l’optique et les lowcosters notamment. Le deuxième facteur est industriel : plus on produit, plus les coûts de fabrication diminuent grâce au gain d’expérience – un phénomène appelé courbe d’expérience. Le troisième facteur est le 100 % Santé : entre la classe I et la classe II, la différence de reste à charge est importante et afin de diminuer cette distorsion, les prix des appareils de classe II baissent. On assiste donc à une convergence des prix, qui pourrait complètement transformer le marché. Désormais, l’enjeu de ce marché est de soutenir l’innovation, afin de maintenir le prix élevé sur les appareils à valeur ajoutée. Sinon le marché va se tourner vers le bas, avec des prix en chute libre. Enfin, le fait que les patients soient aujourd’hui mieux informés joue sur la baisse des prix. »
Nivellement vers le moindre prix
Cette diminution des prix est particulièrement flagrante dans le segment de la moyenne de prix la moins importante, inférieure à 1 200 €. En 2019, 8 % des audioprothésistes annonçaient un prix de vente moyen inférieur à 1200 €. Cette année, ils sont 17 %. À l’inverse, seulement 5 % des audioprothésistes vendent, en moyenne, leurs appareils à plus de 1 600 €, contre 14 % l’an dernier. « On assiste à un nivellement vers le moindre prix afin de faire face aux différents éléments : marché concurrentiel, gain d’expérience et 100 % santé », analyse Maher Kassab.
Le 100 % Santé déjà à l’œuvre
Preuve que cette diminution des prix est déjà en marche : de nombreux audioprothésistes déclarent avoir adapté leur offre ou les prix de leurs appareils à la réforme. Le 100 % Santé a, chez beaucoup d’audioprothésistes, déjà été mis en place. Les patients aussi ont également cette réforme à l’esprit, aux dires des audioprothésistes : ils sont 81 % à ressentir une diminution des ventes qu’ils attribuent à un report de l’appareillage pour bénéficier du reste à charge zéro.