L’UNPS a dévoilé, le 8 juin, les résultats de son questionnaire sur les violences à l’encontre des professionnels de santé. Ils font tristement écho au décès de Carène Mézino, l’infirmière attaquée à l’arme blanche, fin mai, au CHU de Reims et aux nombreux rapports attestant d’une aggravation du phénomène. Sur les 3 506 répondants – dont 73 % de femmes et 74 audioprothésistes –, 67 % estiment en effet que les violences à l'encontre des professionnels ont augmenté ces cinq dernières années.
Plus de 70 % des victimes ne portent pas plainte
Plus de trois quarts (77,2 %) ont indiqué avoir subi des violences dans le cadre de leur exercice professionnel. Dans la grande majorité des cas, il s’agit de violences verbales (77,3 %) mais les violences psychologiques, matérielles et physiques (30,7 %) restent fréquentes.
Par ailleurs, plus de deux tiers des répondants ont indiqué avoir subi ces violences sur leur lieu d’exercice. Elles n'ont pas été déclarées dans 73,4 % des cas. Ceux qui les ont signalées se sont tournés en priorité vers le commissariat ou la gendarmerie (33,8 %), puis leur conseil de l’ordre (15,7 %) ou le prescripteur du patient (15,7 %). Seuls 3 % l’ont fait via la plateforme de déclaration de l’Observatoire national des violences en santé.
Un plan de lutte attendu pour juillet
Au lendemain de la publication des résultats de cette enquête de l’UNPS, ont été également remises les conclusions de la mission sur les violences à l’encontre des soignants, lancée en février 2023 par la ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo. Les auteurs du rapport proposent 44 mesures pour lutter contre ce phénomène « à l’intersection d’un double-enjeu, celui de la santé des soignants et celui de l’attractivité des métiers de la santé », comme le souligne le ministère de la Santé.
Au nombre de ces préconisations figurent notamment le déploiement de dispositifs d’alerte portatifs pour les professionnels exerçant de façon isolée, la formation initiale et continue des soignants et des personnels d’accueil pour mieux gérer l’agressivité éventuelle de leurs interlocuteurs, l’amélioration de la réponse pénale face aux menaces et aux agressions qu’ils subissent et un meilleur accompagnement des victimes dans leurs démarches judiciaires.
Ces propositions serviront à alimenter le plan de lutte contre les violences faites aux soignants que le gouvernement devrait présenter début juillet.