« Nous avons fait reculer le renoncement aux soins pour raisons financières grâce au 100 % Santé », s’est félicité Olivier Véran, lors de sa visite, vendredi 1er octobre, d’un centre d’audition Amplifon du 13e arrondissement de Paris. Un satisfecit devant l’explosion des volumes de ventes d’aides auditives depuis le plein déploiement de la réforme. « L’augmentation est massive, de l’ordre de 85 % [par rapport au premier semestre 2019], précise-t-il. Entre 400 à 500 000 Français sont d’ores et déjà équipés en audioprothèses et peuvent désormais entendre leur famille et mieux vivre au quotidien. » Cette statistique place la France parmi les pays européens ayant le meilleur taux d’appareillage (> 50 %). Ce recours massif se traduit par une hausse des dépenses remboursables de 144 % par rapport au premier semestre 2019, soit 270 millions d’euros supplémentaires. Un coût supérieur de 100 millions d’euros aux projections initiales du gouvernement... « C’est de l‘argent bien utilisé », commente le ministre, véritablement convaincu par une réforme qu’il porte depuis 2016. « Si au lieu de 500 000, nous avions 600 000 voire 1 million de Français qui jusqu’ici renonçaient aux soins et qui n’y renoncent plus, je l’assume ! », a-t-il ajouté.
Objectif de 40 % de classe I atteint
Symbole de cette réussite : les ventes d’appareils 100 % Santé ont « explosé », selon les termes du cabinet d’Olivier Véran, qui a dressé le bilan du déploiement de la réforme, en amont de ce déplacement. Elles enregistrent en effet une augmentation de 400 % par rapport à la même période en 2019. 300 000 aides auditives de classe I ont ainsi été vendues depuis le 1er janvier, soit 40 % du marché. Objectif atteint donc pour le ministère... voire au-delà des espérances, comme le souhaitait le directeur de la Sécurité sociale, dans une interview de février 2020 à Audiologie Demain. Pour rappel, Franck Von Lennep y indiquait espérer que la « clause de volume de 20 % [serait] dépassée ». Le cabinet du ministre de la Santé indique d'ailleurs être attentif à « maintenir » ce cap des 40 % à l’avenir.
Cette augmentation ne concerne pas seulement les appareils 100 % Santé : les ventes des appareils de classe II ont également bénéficié de l'appel d'air suscité par la mise en place de la réforme. Leur volume a crû de 30 % entre 2019 et 2021, sans hausse des prix, comme le craignait le ministère. Au contraire, celui-ci se félicite de leur stagnation voire de leur légère baisse. Quant au prix moyen de vente, tous paniers confondus, il diminue de plus de 200 euros, pour avoisiner les 1 290 euros, soit une baisse de 13 % par rapport aux prix constatés avant la réforme.
Numerus clausus, variable d’ajustement ?
« Davantage d’audioprothésistes sont nécessaires pour faire face à cet afflux et réaliser un appareillage et un suivi de qualité », a plaidé Amaury Dutreil, président d’Amplifon France, qui guidait le ministre lors de sa visite, alors que celui-ci l’interrogeait sur le sujet. « C’est noté », a répondu Olivier Véran, avant de revenir sur la question quelques minutes plus tard devant les journalistes : « Nous adapterons l’offre de formation aux besoins exprimés par les professionnels sur le terrain, de façon très logique et très pragmatique. Il faut garder un outil de régulation pour faire en sorte qu’il n’y ait pas trop de professionnels, parce que cela ne serait pas bon pour le secteur. En revanche, on ne va pas freiner les capacités de formation dès lors qu’il y a une demande qui augmente. » Concernant les effectifs des prescripteurs ORL, qui devraient considérablement chuter au cours des dix prochaines années selon les estimations de la Drees, le ministre s’est voulu rassurant : « On a supprimé le numerus clausus. À mesure qu’il y aura plus de médecins, plus de spécialistes seront formés. »
Maintien de la vigilance sur le suivi
Le cabinet du ministre de la Santé a également saisi l’occasion de ce point d’étape pour réitérer sa vigilance concernant le suivi audioprothétique et s’inquiéter une nouvelle fois de « l’ampleur de la sous-déclaration » en la matière. En 2020, seules 20 000 prestations de suivi ont été déclarées pour 380 000 personnes équipées. Or, comme le rappelle le cabinet d'Olivier Véran, la dissociation du prix de la prestation et du suivi avait été écartée lors de l’accord initial mais sous réserve que le suivi soit bien réalisé. Toutefois, grâce à la mobilisation des syndicats professionnels, 100 000 prestations ont été déclarées au premier semestre. « Nous ne sommes pas encore dans l’exhaustivité, mais on constate que les audioprothésistes jouent le jeu, commente le cabinet. Nous serons très vigilants à ce chiffre en fin d’année. »