Améliorer la communication des seniors en Ehpad avec leur entourage. Tel est l'objectif du projet initié et développé par l'Association des devenus sourds et malentendants de la Manche (ADSM Surdi 50), l'une des 47 associations du Bucodes SurdiFrance.
Depuis 2019, 58 établissements de ce département et leurs 885 résidents ont bénéficié de ce dispositif expérimental, mené en partenariat avec la Fondation pour l'audition (FPA). Avec l'ambition de dupliquer ce projet partout en France dès 2024.Des besoins importants existent en effet pour les résidents : « La quasi-totalité sont atteints d'une perte auditive, à des degrés variables », rappelle Arnaud Porte, directeur du pôle Pour le quotidien de la FPA (à ce sujet, lire notre dossier De la nécessité d’encadrer l’appareillage en Ehpad). Invalidante, la perte auditive isole et peut entraîner un sentiment de solitude avec un risque de repli sur soi. « Améliorer l'audition et la communication des seniors diminue la vitesse d'apparition et de progression des maladies cognitives », ajoute par ailleurs Yann Griset, président du Bucodes SurdiFrance.
Le projet vise à répondre à ces multiples enjeux. Sa phase expérimentale, aujourd'hui achevée, a consisté en un accompagnement sur mesure des Ehpad par l'ADSM Surdi 50. « Dans chaque établissement, quatre jours étaient dédiés à des rendez-vous individuels avec l'ensemble des résidents, appareillés ou non, pour identifier leurs besoins et leurs difficultés en termes de communication, détaille le président du Bucodes SurdiFrance. Notons que les outils pour remettre les seniors en situation de pouvoir bien communiquer avec leur entourage ne se limitent pas à l'appareillage mais englobent également l'installation d'émetteurs-récepteurs, de boucles magnétiques ou encore l'acquisition de casques audio... »
La formation au cœur du dispositif
Par ailleurs, une journée était consacrée à la formation du personnel de ces établissements. Pas seulement des soignants, mais de tous ceux qui sont en contact avec les résidents. « Une formation très pratique qui vise notamment à l'acquisition de gestes de bases tels que mettre, enlever, nettoyer un appareil auditif afin qu'il ne reste pas dans un tiroir, illustre Yann Griset. Car le personnel en Ehpad, même soignant, n'est pas formé aux besoins des malentendants. »
Un bilan de cette phase initiale, en cours, permettra d'identifier des éléments de réussite et d'établir les modalités génériques d'intervention dans les établissements, avant de déployer ce programme au niveau national. Il s'agira, par exemple, de déterminer ce qu'il reste de la formation du personnel deux ans après, sur un panel de quelques établissements. La Scop bretonne Le Messageur, engagée pour l’accessibilité des personnes sourdes ou malentendantes, prendra en charge l'ingénierie du projet de formation.
« Notre ambition est de faire en sorte que la communication et la prise en compte de l'audition des résidents fassent partie du projet de soins des établissements et ainsi éviter la perte d’autonomie des personnes concernées », précise Arnaud Porte. Avec l'espoir, à plus long terme, de faciliter également la communication des seniors dans les résidences autonomes ou à leur domicile.