5 à 10 %. C’est la part de malentendants entrant dans les critères de l’implantation cochléaire et qui sont implantés. Un des taux les plus faibles d’Europe. Le manque d'information des patients et des professionnels de santé sur l’implant cochléaire constitue l’une des principales raisons de ce phénomène (lire notre dossier Implant cochléaire : accès et suivi à améliorer). Pour tenter d’y remédier, Amplifon France et Cochlear France ont décidé d’associer leurs forces. Car le problème n'est pas marginal. « Nous avons analysé notre base de données, explique Fabien Auberger, directeur stratégie santé d’Amplifon, et nous constatons que 4 % de nos patients qui ont une perte de 60 dB au moins entrent dans les critères de l’implantation, c’est-à-dire qu’on ne parvient pas à leur redonner de la compréhension. C’est une réelle perte de chance pour ces personnes. »
Ainsi, Amplifon et Cochlear veulent sensibiliser patients, audioprothésistes et ORL. « Nous devons les informer sur les différentes options de réhabilitation. L’idée n’est pas d’axer cette sensibilisation sur l’implant en lui-même, mais sur le parcours de soin. Pour nous, l’objectif est d’améliorer la prise en charge des patients présentant des surdités sévères à profondes », explique Clément Bécerra, directeur marketing chez Cochlear France.
Du côté d’Amplifon, l’intérêt est moins direct mais tout aussi important, comme le décrit Fabien Auberger : « Nous n’avons pas d’intérêt commercial dans ce partenariat. Mais nous souhaitons proposer la meilleure solution possible aux patients malentendants, y compris à ceux qui ne bénéficient plus de l’appareillage. Dans un contexte d’augmentation des fraudes en audio, ça nous a semblé une démarche vertueuse. » « Cela crédibilise nos audioprothésistes en tant qu’experts de l’audition », renchérit Amaury Dutreil, PDG d’Amplifon France. Il s’agira ainsi d’identifier ces patients, optimiser leur appareillage et les orienter vers l’implantation si c’est nécessaire. « Nous allons donc travailler sur l’ensemble du parcours de soin : formation des audio, relations avec les ORL de ville et avec les centres implanteurs, détaille Fabien Auberger. Nous souhaitons créer des boucles pour que les ORL libéraux et les audioprothésistes travaillent ensemble pour éviter tout retard dans le passage de relais. »
« Nous souhaitons faciliter la mise en place d’un parcours fléché en créant un tissu local solide, insiste Clément Bécerra, à travers des soirées de rencontre et d’échanges entre les audioprothésistes et les ORL, sous l’égide à chaque fois d’un centre implanteur. » Un travail indispensable quand on sait que 30 % des ORL et 59 % des audioprothésistes déclarent peu connaître les implants cochléaires, selon une enquête Stethos menée en 2019 pour la société Cochlear.