15 Octobre 2024

Audiocampus : un catalyseur pour la formation et la recherche en audiologie

Le 11 octobre 2024, l’Audiocampus de Montpellier a été inauguré. Cette nouvelle entité, située au sein de la faculté de pharmacie, rassemble toute l’offre de formation en audiologie du site, ainsi que certaines activités de recherche clinique, dans des conditions optimales, et mise sur les interactions avec les acteurs économiques. Un cluster inédit, propice aux innovations.

Par Bruno Scala et Ludivine Aubin-Karpinski
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Si l’Audiocampus a été inauguré le 11 octobre 2024, la genèse du projet remonte bien plus loin. Elle prend sa source avec la création de l’école d’audioprothèse en 1967 par le Pr Christian Gélis, puis bénéficie du soutien du Pr Alain Uziel, lorsqu’il présidait l’université de Montpelier et de celui du Pr Lionel Collet, « qui en 2012, alors qu’il était directeur de cabinet de la ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Geneviève Fioraso, a eu ce projet sur son bureau », a rappelé le Pr Jean-Luc Puel, directeur de la nouvelle structure.

Le bâtiment, situé sur le site de la faculté de pharmacie de Montpellier, s’étend sur 650 m². L'opération a coûté 2 millions d'euros et a été financée à hauteur de 80 % par l'État via l'Opération Campus, le reste par le « fonds de roulement » de l'université. La structure, entièrement dévolue à l’enseignement et à la recherche en audiologie, bénéficie d’un « environnement exceptionnel », propice aux synergies, avec la proximité du CHU de Montpellier, de l’Institut des neurosciences de Montpellier (INM), que le Pr Puel a dirigé pendant dix ans, l’institut Saint-Pierre de Palavas, les facultés de pharmacie, de médecine et de sciences.

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L’ambition du directeur d’Audiocampus est d’ouvrir cette plateforme à la recherche académique et privée avec les acteurs du monde économique, les industriels, les start-ups parmi lesquelles de nombreuses structures montpelliéraines (Sensorion, Cilcare, Sonup...).

Une ouverture au public et aux acteurs de l'audiologie

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Avec l’Audiocampus, le Pr Puel voulait « un bâtiment ouvert sur le monde et sur la société qui se bat pour l‘audition pour tous et partout ». Ainsi l’espace est en accès libre et il est possible de venir tester son audition dans les petites alcôves équipées de logiciel de test (Sonup) sur des tablettes reliées à des casques, à des fins de prévention et de sensibilisation à la santé auditive.

Le bâtiment compte également une salle des associations, où se tiennent des réunions ou événements de l’Association nationale de l’audition, France Acouphènes...

Une inauguration sous le soleil montpelliérain

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De nombreuses personnalités du monde de l’audiologie et « officiels » de l’université et de la région Occitanie étaient aux côtés du Pr Jean-Luc Puel (au centre de la photo) pour inaugurer l’Audiocampus, parmi lesquelles (de gauche à droite) Lionel Collet, président la HAS, Vincent Lisowski, directeur de l’UFR de pharmacie de Montpellier, Khaled Bouabdallah, recteur délégué pour l'enseignement supérieur, la recherche et l'innovation de la région académique Occitanie, Sophie Béjean, rectrice de l’académie de Montpellier, Philippe Augé, président de l’université de Montpellier, et Michaël Delafosse, maire de Montpellier et président de la métropole.

Le Pr Collet a évoqué un « grand moment pour le monde de l’audition ». « Montpellier a toujours apporté une brique très importante aux connaissances en matière d’audition, a-t-il rappelé. L’Audiocampus s’inscrit dans une longue tradition. J’en attends trois choses : un outil d’émulation des équipes qui travaillent sur la formation en audioprothèse, sur la recherche en audition, dans l’intérêt des patients ; la conception d’outils comme des dispositifs médicaux numériques que j’aurai, j'espère, le plaisir d’avoir à évaluer un jour ; la production d'experts susceptibles de participer à l’élaboration de recommandation de la HAS. Pour toutes ces raisons, longue vie à l’Audiocampus ! »

Inédit : un laboratoire d'exercices

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Cette pièce inédite dont l’équipement a été financé par Audilab, est inspirée des laboratoires d’exercice que l’on trouve en formation dentaire ou pharmacie. Elle conjugue un objectif de formation à une mission solidaire. Chaque mercredi, un audioprothésiste vient avec un patient permettant, sous sa responsabilité, une mise en situation à deux étudiants. « Il y a beaucoup de stages dans la formation en audioprothèse mais leur qualité diffère d’un terrain de stage à un autre, explique Jean-Charles Ceccato, maître de conférences. Avec ce laboratoire d’exercice, nous garantissons à nos étudiants de pouvoir assister et participer à des rendez-vous avec des patients. J’aimerais aussi qu’il serve à évaluer les élèves de 3e année sur un cas pratique, soit avec un “acteur”, soit un vrai patient, ce qui parait avoir plus de sens qu’un examen purement théorique. »

Par ailleurs, grâce à un partenariat avec Mission Audition, cette salle sert à l’appareillage de personnes défavorisées.

L'équipe d'Audiocampus

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C’est « une équipe formidable », qui entoure Jean-Luc Puel : de gauche à droite : Jérôme Courtial, audioprothésiste et ingénieur, Patrick Azéma, ingénieur (à la retraite aujourd’hui), Jérôme Bourien, maitre de conférences, Achour Aknine, chercheur en acoustique, et Jean-Charles Ceccato, maitre de conférences. Il faut ajouter également une secrétaire, Joumana Florensa, et l’« ombre tutélaire » du Pr Christian Gélis, prédécesseur de Jean-Luc Puel et fondateur de l’école de Montpellier.

Pour la seconder dans les enseignements, l’équipe peut également compter sur 64 intervenants dont 68 % d’académiques.

Des équipements à la pointe

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Trois salles de cours magistraux, compatibles pour de l’enseignement à distance ou hybride, accueillent les 210 étudiants du DE audioprothèse (150 pour les trois années), du master (40 pour les deux années) et du DE techniques en audioprothèse (20). « Avec ses cinq promotions, il s'agit du plus important centre de formation en audiologie de France », selon Jérôme Bourien, maître de conférences. L’objectif d’Audiocampus est de continuer d’augmenter les effectifs de ses étudiants – de 50 % tous les dix ans – pour atteindre les 350 en 2035. « La mission n’est pas terminée, s’est exclamé le Pr Jean-Luc Puel. Cette inauguration ne marque pas une fin en soi mais un début ! » Et le directeur de l’Audiocampus de prévenir qu'il aura bientôt besoin d'un étage supplémentaire...

Place à la pratique

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L’aile dédiée aux travaux pratiques comprend notamment deux salles informatique, destinées à la programmation et aux prises d’empreinte, ainsi qu’une salle de façonnage pour la fabrication d’embouts. Inspirée des salles blanches de l’industrie (visibles depuis le hall d’accueil), elle bénéficie d’un équipement traitant et contrôlant l’empoussièrement et le niveau sonore. Elle accueille dix ateliers et une imprimante 3D.

Des intrications fortes avec la recherche

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L’Audiocampus abrite sept cabines audiométriques. La plus grande (photo) – équipée de PEA, OEA, vidéo-otoscope, audiomètre... – est destinée aux élèves de master et à la recherche. Une autre est équipée d’un système immersif, développé par l’audiologiste canadien François Bergeron, qui devrait être couplé, à terme, à de la réalité virtuelle pour évaluer et tester des produits dans des conditions les plus écologiques possible. Une autre permet de faire de la pupillométrie. Les dernières servent pour les TP. « Il serait dommage de ne pas exploiter tout cet équipement à visée pédagogique pour faire de la recherche », a commenté le Pr Jean-Luc Puel. L’équipe est en train de montrer une plateforme baptisée UniVer – pour Université Vertiges –, avec l’aide de la Fondation Mission Santé et Audition Conseil, afin d’étudier les liens entre audition et vertiges. « On a aussi une plateforme d’analyse de données, en collaboration notamment avec Amplifon, qui détient les données de 1,5 millions de patients appareillés, car les big data, c’est la recherche de demain », a commenté Jean-Luc Puel.

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