Audition et surdités : Grande cause nationale pour la prochaine mandature

Par la Fondation pour l'audition
Tribune fondation

En cette période d'élections présidentielles et législatives, le constat est sévère : les questions liées à la santé auditive et aux handicaps associés sont absentes du débat public.

Les surdités et leurs conséquences sur la vie des Français sont mal connues de tous. Pourtant, en 2021, l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) recensait 1,5 milliard de personnes touchées par la surdité ou la malentendance à l’échelle mondiale, soit une personne sur cinq. À l’horizon 2050, elles concerneront une personne sur quatre. En France, environ 11 % de la population, soit 7 millions de nos concitoyens, évoluent quotidiennement avec un handicap invisible et incompris dans une société qui peine à s’adapter à leur situation. Ce manque de connaissance et donc de respect de la différence est un obstacle à l’inclusion, à l’épanouissement personnel et professionnel.

Il est également établi qu’une perte auditive non prise en charge accroît le risque de déclin cognitif. Aussi la prévention aux risques auditifs pour tous, les jeunes, les actifs et les seniors, s’avère aussi urgente qu’indispensable.

Cette prévention doit être au cœur des engagements d’une politique de santé publique ambitieuse ; cependant à l’heure actuelle, seul le dépistage néonatal de la surdité est obligatoire dans le parcours de soin. Il est pourtant essentiel d’informer, de sensibiliser largement sur les risques auditifs. Cette sensibilisation doit commencer dès le plus jeune âge, à l’école, en étant intégrée dans le programme scolaire. le repérage de l’audition doit, lui, devenir systématique dès 45 ans et être proposé par la médecine du travail, qu’importe la profession exercée.

Quant au quotidien des personnes sourdes ou malentendantes, il est encore rempli d’obstacles. Est-il encore concevable, en 2022 :

  • que les transports publics soient, de la prise des billets jusqu’à la destination, un parcours semé d’embûches ?
  • que l’égalité des chances au service de l’éducation, de l’enseignement supérieur soit encore loin d’être garantie ?
  • que l’accès aux téléconsultations ne soit pas pleinement accessible aux personnes sourdes ou malentendantes ?
  • que le taux de chômage dans la population française des personnes sourdes soit de 33 % contre 7,8 % pour les personnes entendantes [1] ?
  • que les personnes sourdes ou malentendantes restent, pour la grande majorité, privées d’un plein accès aux contenus culturels ?
  • que les seniors en perte d’autonomie ne bénéficient pas d’un suivi adapté pour une bonne utilisation de leurs appareils auditifs afin de pouvoir maintenir plus longtemps le lien social ?

Ce n’est pas tolérable. l’inclusion complète des personnes sourdes ou malentendantes dans notre société n’est pas une option facultative, c’est un devoir !

Certes, des avancées notables concernant les enjeux d’audition et de surdités, comme les dispositifs ouvrant les portes des services téléphoniques aux personnes sourdes ou malentendantes, ont vu le jour ces dernières années. La réforme du 100 % Santé, mise en place par le gouvernement dès l’année 2019, marque par ailleurs un réel progrès dans la démocratisation des enjeux liés à la santé auditive et à l’accessibilité de l’appareillage auditif. Mais il faut aller plus loin : jusqu’à présent, l’audition et les surdités n’ont jamais été déclarées grande cause nationale, et ce, depuis la création du label en 1977.

En cette période électorale, nous avons donc choisi d’éditer un livre Blanc intitulé Placer l’audition au cœur des débats publics de 2022 (lire notre article La Fondation pour l’audition émet 10 propositions à l’attention des décideurs, AD#21), porteur de 10 propositions concrètes, car les solutions existent. Il faut cependant les déployer et les encourager.

L’audition et les surdités doivent remporter l’adhésion et l’implication de tous sur le plan politique.

Il est temps d’aller plus loin, plus vite et d’agir pour cette cause transpartisane et universelle que sont l’audition et les surdités.

[1] Enquête HID 98-99 – Exploitation ORS Pays-de-Loire Insee – avant le COVID

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