Le timing est parfait. Dans quatre mois se tiendront l’élection présidentielle et, quelques semaines plus tard, les législatives. C’est le moment idéal pour mettre certains sujets sur la table et tenter de sensibiliser les candidats et leur entourage. La Fondation pour l’audition saisit cette « opportunité de calendrier », comme la qualifie Agathe Coustaux, sa directrice de la communication, et publie son Livre blanc, un document qui contient dix propositions en faveur de la prévention de la surdité et l’inclusion des personnes sourdes ou malentendantes. « Nous allons le remettre aux principaux décideurs politiques et aux principaux partis, annonce Denis Le Squer, directeur général de la Fondation pour l’audition. Nous souhaitons qu’ils prennent conscience qu’il s’agit là d’un enjeu de santé publique. Nous voulons que ces propositions nourrissent les programmes des candidats aux différentes élections, qu’ils s’approprient ces sujets voire que ces derniers deviennent des sujets de campagne. »
Prévention, inclusion, accessibilité
L’objectif est double, expose Agathe Coustaux : « Nous souhaitons améliorer la prévention et faire évoluer les pratiques en ce qui concerne l’inclusion et l’accessibilité ». Sur les dix propositions du Livre blanc, trois sont en effet consacrées à la prévention et sept à l’inclusion. « Dans chacun des domaines pour lesquels nous formulons des propositions, des solutions sont déjà en place, rapporte-telle. Mais nous faisons le constat qu’il existe des pistes d’amélioration et que les mettre en œuvre n’est pas forcément onéreux. » Si ces voies d’amélioration s’avèrent peu coûteuses, c’est en particulier parce que les outils existent. Certains ont d’ailleurs été créés par la fondation. C’est par exemple le cas de D’Sybel, un dispositif de de prévention et de sensibilisation à la surdité, à destination des écoles, ou du test de repérage de la perte auditive Höra, que la Fondation aimerait voir utiliser pour repérer précocement la presbyacousie ou dans le cadre de visites médicales obligatoires par la médecine du travail. Chaque proposition est d’ailleurs accompagnée d’un résumé d’une action de la Fondation pour l’audition dans le même domaine, mettant en lumière son important travail et la diversité de ses missions ces dernières années.
Convergence avec l’Igas
Certaines propositions du Livre blanc, au contraire, émanent d’une consultation citoyenne que la fondation avait lancée auprès des sourds ou malentendants, afin qu’ils expriment leurs besoins et leurs questionnements concernant la surdité. Ainsi, c’est de cette consultation que vient l’idée d’une « carte surdité culture », qui permettrait à ce public de bénéficier de placements réservés proches de la scène au théâtre, de l’écran au cinéma, d’un conférencier...
Rédigé avec le soutien de personnalités proches du secteur de l’audition, comme Étienne Caniard, Lionel Collet ou Jérémie Boroy, le document contient logiquement des propositions qui concordent avec des recommandations que l’Igas et l’IGÉSR ont émises dans leur rapport sur la filière auditive (lire notre prochain dossier L’Igas pose les bases de la filière auditive de demain). C’est le cas du repérage précoce de la presbyacousie – les inspections générales proposent l’âge de 55 ans, tandis que la fondation souhaite qu’il soit fait 10 ans plus tôt – et de la possibilité que les audioprothésistes puissent se rendre chez des personnes ayant des difficultés pour se déplacer ou en Ehpad.
Espérons que les politiques seront sensibles à toutes ces suggestions, ce qui pourrait par ailleurs permettre d’élever les débats pré-éléctoraux...