Les associations dénoncent l’exclusion d’une partie des sourds et malentendants du 100 % Santé depuis sa mise en place et militent en faveur d’un remboursement des appareils de classe II aligné au minimum sur celui des appareils de classe I. En effet, de nombreux experts, comme le Pr Bernard Fraysse, président de l’Ifos, estiment que certains patients devraient bénéficier d’une technicité supérieure et se retrouvent donc pénalisés par la réforme. « Ces patients doivent ainsi choisir entre un appareil intégralement remboursé mais non adapté ou à devoir s'acquitter d’un reste à charge important pour se procurer la seule catégorie d’appareils qui leur apportera un réel bénéfice », expliquait-il. Et d’indiquer que « la nomenclature devrait individualiser ces situations complexes ».
2 millions d’enfants et d’adultes concernés
Le Bucodes SurdiFrance et Unanimes avaient déjà, dans un communiqué commun paru le 22 mars 2021, alerté les pouvoirs publics de l’exclusion des personnes souffrant d’une surdité sévère ou profonde et des enfants de la réforme du 100 % Santé. Selon les deux fédérations, proposer un remboursement des appareils de classe II pour ces patients est « indispensable » : « Les appareils de classe II permettent d’accéder à des programmes essentiels pour améliorer l’écoute » et leur offrir la possibilité de pouvoir mener une vie professionnelle ou scolaire convenable. « Nous souhaitons garantir à chacun de pouvoir acquérir un appareillage répondant à ses besoins, notamment en termes de communication et d'accessibilité, sans reste à charge conséquent », soulignaient-elles.
Pour Yann Griset, président du Bucodes Surdifrance, cette mesure souhaitée par les associations et soutenue par la Fondation pour l’audition viendrait finalement parfaire l’exhaustivité du 100 % Santé, dont l’ambition est de permettre l’accès à l’appareillage au plus grand nombre. « Grâce à cette réforme, le taux d’équipement a nettement progressé et a permis notamment à une grande majorité de personnes souffrant de presbyacousie de se procurer des aides auditives sans reste à charge, commente-t-il. C’est une première étape réussie mais il faut aller plus loin aujourd’hui et étendre le dispositif à tous ceux qui en sont encore exclus, les enfants et les adultes atteints de surdités sévères, profondes, complexes. Ce public, dont le handicap a un retentissement important au quotidien, ne peut actuellement pas faire autrement que de s'acquitter d’un important reste à charge pour accéder à des technologies ou fonctionnalités essentielles pour une réhabilitation optimale. » Cette mesure concernerait 2 millions d’enfants et adultes, selon les projections des associations. « C’est peu finalement quand on sait qu’une politique de prévention et de prise en charge de la déficience auditive permet un retour sur investissement de 37 $ pour 1 $ investi dans les pays à revenus élevés », estime Yann Griset.