Les résultats sont nets : la thérapie sonore est efficace pour traiter les acouphènes invalidants, chez des patients présentant une surdité légère. Proposée dans cette indication depuis 2020 dans les recommandations du NICE, cette thérapie ne disposait pourtant jusqu’à présent que de « peu de preuves d’efficacité », a expliqué la Dr Marie-José Fraysse, à l’occasion d’une présentation lors du 43e congrès des audioprothésistes. C’est désormais chose faite.
L’Afrépa a initié en 2021 un protocole de recherche clinique, en double aveugle. Au total, 128 patients présentant un acouphène subjectif continu (avec un THI > 38), un acouphène bilatéral de plus de 3 mois avec surdité légère bilatérale, ou une perte auditive légère bilatérale ont été randomisés pour recevoir, au moins six heures par jour pendant six semaines, l’un des trois protocoles : une amplification « neutre » (contrôle = sans amplification), un générateur de bruit uniquement (groupe 2), un générateur de bruit associé à une amplification (groupe 3 = approche combinée). Pendant les six semaines suivantes, les patients des groupes 2 et 3 étaient libres d’utiliser le programme de leur choix (générateur de bruit seul, amplification seule, amplification+générateur).
Le critère principal – amélioration d’au moins 13 points sur le questionnaire TFI, après 12 semaines de thérapie – a été atteint dans les deux bras actifs, avec une réduction moyenne de 21,4 dans le groupe 2 (passant de 55,7/100 à 34,3) et de 18 dans le groupe 3 (53,5 à 35,6), contre 6,2 pour le groupe placebo (54,6/100 à 48,4). Ces résultats ont été confirmés par l’échelle visuelle analogique (EVA), de 0 à 10, avec une amélioration de 2,4 points dans les groupes actifs contre 0,7 pour le placebo. Autre fait remarquable : lorsque les patients étaient libres de choisir leur traitement, plus de 80 % sélectionnaient une option incluant une amplification, « malgré une surdité très légère », a souligné la Dr Marie-José Fraysse. « La thérapie sonore comprenant des générateurs de sons, seuls et surtout en combinaison avec une amplification, est plus efficace que l’amplification placebo pour réduire le handicap, lié à l’acouphène », a-t-elle conclu. Dans l’ensemble, plus de 80 % des patients des groupes de traitement actif ont fait état d’une amélioration au moins minime (sur le score GRCS reflétant l’appréciation de l’évolution de leurs acouphènes), contre 36 % dans le groupe placebo.
« Actuellement, l’amplification est indiquée uniquement lorsque les acouphènes sont associés à des seuils auditifs élevés. Des recommandations de la HAS sont en cours d’élaboration et devraient être prochainement publiées », rappelle Marie-José Fraysse, espérant que ces nouvelles données seront prises en compte pour soulager les patients acouphéniques.
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