Le dépistage systématique de l’infection au cytomégalovirus chez les femmes enceintes est une question qui ne fait pas consensus. Pour certains – comme la Pr Natacha Teissier – c’est une nécessité. D’autres – comme le Haut conseil de la santé publique – y sont opposés, estimant qu’il n’existe pas de traitement efficace, et que la systématisation du dépistage n’est pas pertinente. Le HCSP avait publié son avis début 2024.
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L’Académie de médecine vient de se positionner, en faveur des premiers. Elle plaide pour l’organisation de ce dépistage. Et de rappeler que les infections au CMV sont « graves » et « facilement évitables à l’aide d’un traitement antiviral efficace ». Pour rappel, « on estime que cette infection concernerait une surdité sur 2 000 naissances et 20 % des surdités congénitales », rapportait la Pr Teissier dans un récent entretien (« Dépister le CMV permet de limiter le handicap des enfants atteints »).
Les Sages recommandent en outre que toutes les dimensions soient prises en compte dans l’analyse bénéfice/risque, reprochant au passage au HCSP d'avoir omis « d’inclure (...) la prise en charge à vie des enfants handicapés ». Mais aussi que les « moyens du dépistage soient mis en place ». Enfin, ils plaident pour que l’efficacité de ces mesures soit évaluée.
Suite à ce rapport défavorable du HCSP, le ministère de la Santé a saisi la HAS pour recueillir son avis sur la mise en place de ce dépistage systématique. La feuille de route de la HAS a été publiée début août. Ainsi l’agence va se pencher sur l’avis du HCSP et identifier les éventuelles limites. Elle intègrera également les nouvelles informations pertinentes, postérieures à la prise de position du HCSP. Enfin, elle réalisera une étude observationnelle sur les femmes ayant reçu du valaciclovir, l’antiviral utilisé contre le CMV, à la suite d'un dépistage – ce que recommande l’Académie de médecine. L’avis de la HAS est attendu fin 2024.