Le 27e EPU à Lyon insiste sur le rôle clé de l’audioprothésiste

Premier EPU à Lyon

Une fois n’est pas coutume, c’est au Centre des congrès de Lyon, que s’est déroulée la 27^e édition de l’EPU en audioprothèse. C’est la première fois que l’événement quittait la capitale. D’abord accueilli à l’hôpital Bichat (la première édition avait réuni une vingtaine de participants), puis à l’Institut Pasteur, l’EPU avait ensuite investi la Cité des Sciences pour ne plus jamais la quitter.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les congressistes ont apprécié ce nouveau lieu, agréablement situé entre le Rhône et le Parc de la Tête d’or, dans un bâtiment moderne (sa construction date des années 1990), et plutôt bien exposé à la lumière du jour. Environ 1 200 personnes ont participé à l’événement, soit une légère hausse – et un record – par rapport à l’année dernière.

Introduction

Le président du CNA, Matthieu Del Rio, a accueilli les congressistes à l’occasion d’une brève prise de parole, vendredi matin. Il a rappelé les missions du CNA parmi lesquelles « l’enseignement et la surveillance de la qualité technique, scientifique, pédagogique et déontologique. Les lignes ont pas mal évolué ces dernières années, nous en sommes très heureux, et j’espère que dans les années à venir une réglementation forte pourrait être mise en place. » D’abord clairsemé, l’amphithéâtre s’est progressivement rempli. En milieu de matinée, il restait peu de places disponibles.

Le SDA et le CNA plaident pour la création d'un ordre

table ronde web — Brice Jantzem (au pupitre), David Gélinas et Matthieu Del Rio.

La fin de la première journée de l’EPU s’est terminée avec le traditionnel échange entre le CNA et le SDA. Dans un premier temps, Brice Jantzem, président du SDA, a rappelé le rôle du syndicat ainsi que son actualité, en ce moment essentiellement rythmée par les fraudes. Cette année, le président de l’Ordre des audioprothésistes du Québec, David Gélinas, était invité par le CNA pour présenter l’apport d’une telle instance dans la pratique quotidienne. Il a listé les six grandes missions de l’ordre québécois : contrôler les compétences et l’intégrité de ses membres, surveiller l’exercice de la profession, réglementer l’exercice, gérer le processus disciplinaire, favoriser le développement de la profession, et contrôler l’exercice illégal et l’usurpation du titre. Et rappelé qu’un ordre professionnel sert à s’assurer que « les règles du jeu sont respectées par tous » et à maintenir la confiance du public.

Les discussions entre le Canadien et les deux présidents français ont ensuite porté sur l’éventuelle création d’un ordre en France. Ce fut l’occasion pour le CNA de rappeler son soutien à ce projet et pour le syndicat d’une annonce : « Lors de son conseil d’administration du 11 septembre, le SDA a voté la volonté d’œuvrer pour la création d’un Ordre des audioprothésistes français ». Le sujet a suscité de nombreuses questions du public, globalement acquis à la cause, et notamment sur le montant de la cotisation. Matthieu Del Rio a jugé à cet égard que « si un jour on en est à se poser [cette question], c’est qu’on est plutôt sur la bonne voie ».

Sur ce sujet, lire notre dossier Un ordre des audios est-il à l'ordre du jour ? ou voir notre débat Faut-il un ordre pour mettre de l'ordre dans la profession ?

Les Prix du Collège se conjuguent au féminin

Prix College web — Jeanne Desreumaux (à gauche), Marie Charles (en haut, à droite) et Charmily Chandrakumar (en bas, à droite)

Les prix du CNA 2023 ont, cette année encore, mis à l'honneur un podium exclusivement féminin. Le prix du Collège a été remis à Jeanne Desreumaux pour son « Étude des performances au test de la VRB chez des sujets normoentendants âgés de 10 à 20 ans ». Le prix de la meilleure présentation orale a été attribué à Marie Charles, qui a présenté le « lien entre les résultats des tests d’enveloppe temporelle et de structure fine et les résultats audioprothétiques en fonction du nombre de canaux des appareils auditifs ». C’est Charmily Chandrakumar qui s’est vu remettre le prix du meilleur poster pour son travail sur « la pertinence des questionnaires d’évaluation de la qualité de vie chez les enfants implantés ».

Des étudiants vent debout contre les formations en distanciel

Agogue web — Lilou Agogué, 10e présidente de la Fnéa, au pupitre lors du 27e EPU en audioprothèse.

Comme chaque année, le CNA a convié la Fnéa à s’exprimer sur ses actions passées et à venir. L’occasion pour la 10^e présidente de la fédération étudiante, Lilou Agogué, de résumer les principaux enseignements de la dernière enquête menée auprès des élèves de première année des écoles d’audioprothèse : les deux tiers ont obtenu leur baccalauréat entre 2021 et 2023 et sont âgés de 18 à 20 ans ; plus de la moitié a effectué au moins une année d’études supérieures auparavant (25 % en médecine ; 20 % un BTS opticien-lunetier) ; 30 % des nouveaux étudiants sont boursiers ; et 20 % se seraient tournés vers une formation à l’étranger (dont 60 % vers une école espagnole) s’ils n’avaient pas été admis dans une école française.

Ce sujet des formations à l’étranger ne laisse pas d’inquiéter la Fnéa qui alerte, par la voix de sa présidente, sur l’essor du nombre d’audioprothésistes passant par cette filière et sa crainte « d’une profession dégradée ». Elle rappelle « qu’il est primordial de poursuivre la communication et le combat déjà entamé pour obtenir une équivalence de diplôme moins laxiste que celle mise en place actuellement ». Une position à laquelle Matthieu Del Rio a apporté son soutien. Ce dernier a indiqué avoir été contacté par les écoles historiques espagnoles qui « s’inquiètent car elles ont du mal à remplir leurs établissements du fait de l’ouverture d’un nombre croissant de centres de formation en distanciel ».

collegiens Web — Les Collégiens rassemblés lors du 27e EPU en audioprothèse.