Le projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 discuté actuellement poursuit un double objectif : assurer la pérennité et la modernisation du modèle de protection sociale. Pour y parvenir, il prévoit différents textes destinés à renforcer la prévention et l’accès aux soins, lutter contre la fraude sociale, transformer l’organisation du système de santé... Il y aurait pu également y avoir des dispositions concernant la filière, si elles n’avaient pas été jugées irrecevables. Car ce qui frappe cette année, c’est le nombre d’amendements en lien avec le secteur de l’audioprothèse. L’an dernier déjà, des députés, et notamment François Gernigon (Horizons), avaient tenté d’introduire plusieurs mesures. En vain.
Cet engouement nouveau des députés pour la filière est intéressant à plus d’un titre. Il traduit une sensibilisation accrue des Français – et donc de leurs représentants – à la santé auditive, ces derniers se faisant le relai des préoccupations des citoyens de leur circonscription. Et leur soudain intérêt pour des sujets comme la publicité concernant les aides auditives, les contrôles à l’installation des audioprothésistes, l’appareillage à domicile et en Ehpad, la création d’un ordre, la téléprescription... illustre aussi une nette politisation de l’audioprothèse et marque la naissance – ou le développement – d’une forme de lobbying. Ce virage politique de l’audioprothèse a véritablement été pris au moment des négociations du 100 % Santé mais le phénomène s’est intensifié depuis.
Ce n’est pas une mauvaise chose. Pourvu qu’il soit transparent et éthique, ce « jeu » participe aujourd’hui du débat et de la décision publique. Dans l’idéal, il doit permettre de « coconstruire » la loi avec les représentants de groupes d’intérêts et d’adopter des mesures plus adaptées aux réalités et aux enjeux du terrain. Les audioprothésistes ne sont pas les seuls professionnels de santé à activer leur réseau, à participer à des think tanks, à faire appel à des agences de relations publiques, à choisir des hérauts dans l’hémicycle pour porter leurs revendications. Dans un rapport publié en 2021, Sylvain Waserman, alors vice-président de l’Assemblée nationale, estimait qu’un lobbying « responsable et transparent » était « la véritable façon de construire des textes plus ancrés, plus durables ». Une difficulté demeure néanmoins : celle de dégager une position commune entre toutes les parties prenantes...