Les signes précoces de la surdité neurosensorielle

Le 14 juin, lors d’un webinaire organisé par la SFA, Jean-Luc Puel, Jérôme Bourien et Paul Avan ont abordé diverses dimensions de la surdité neurosensorielle, dont les indices qui permettent de la suspecter précocement. Retour sur cet événement avec le Pr Jean-Luc Puel.

Propos recueillis par Stéphane Davoine
surdite neuro

Quelle a été la teneur de votre intervention qui a ouvert le webinaire?

Jean-Luc Puel : J’ai présenté les surdités neurosensorielles périphériques qui trouvent leur origine dans la génétique, l’environnement, l’exposition au bruit, les traitements médicamenteux, le vieillissement, le tabac ou encore le diabète. Ce sont souvent des pathologies mixtes. Elles peuvent résulter de la perte des cellules sensorielles, d’altération de la strie vasculaire et des liquides de l’oreille interne, ou encore de la dégénérescence des fibres du nerf auditif et des neurones. J’ai présenté des modèles animaux où les premiers signes de dommages ont trait à la perte de neurones auditifs. Ainsi, un individu peut présenter des seuils normaux et souffrir de problèmes de compréhension dans le bruit. Ces difficultés sont la première plainte des patients, avant même que l’audiogramme ne révèle d'atteintes.

Qu’en est-il du modèle computationnel d’oreille humaine développé et présenté par Jérôme Bourien ?

JLP : Cet outil mathématique permet de mimer le fonctionnement de la cochlée humaine en vue de tester différentes pathologies (altération de la strie vasculaire, pertes des cellules ciliées externes et/ou internes, perte des fibres du nerf auditif). il montre par exemple que les effets sur l’audiogramme diffèrent selon que l’on perd des cellules ciliées externes ou des fibres du nerf auditif. Ce modèle computationnel permet par exemple d’expliquer que les fibres codent pour différentes intensités. C’est formidable de disposer d’un tel outil pour étudier tous les scénarios et les rapprocher des observations cliniques.

C’est Paul avan qui a conclu ce webinaire. Quel thème a-t-il abordé ?

JlP : Il a exposé les conséquences au niveau du système nerveux central et de la plasticité cérébrale de ces pathologies périphériques. Il a aussi abordé les causes centrales et périphériques de la compréhension dans le bruit. Cette difficulté est-elle uniquement périphérique ou relève-t-elle également d’aspects centraux comme le vieillissement du cerveau ? Il a de plus proposé des tests cliniques comme l’enregistrement du réflexe stapédien pour dépister des altérations précoces de l’audition. Enfin, il a attiré notre attention sur les dangers d’une écoute prolongée de la musique compressée (lire notre article « Les animaux exposés à la musique compressée sont vulnérables », AD#13).

Finalement, quels ont été les principaux messages de ces présentations et échanges ?

JLP : J’en vois deux. tout d’abord, un audiogramme normal ne traduit pas une audition normale. Ensuite, nous nous devons de changer notre pratique car lorsque le patient éprouve des difficultés dans le bruit, on ne peut pas, sur la base de l’audiogramme seul, dire que tout va bien. Ce type de prise en charge n’est pas satisfaisant. Il faut utiliser des tests de compréhension dans le bruit pour prendre en compte les symptômes du patient. Cela permet de savoir s’il présente des signes précoces d’altération auditive qu’il est nécessaire de surveiller ou d’appareiller suivant sa gêne. C’est une prise en charge tout à fait différente, notamment du point de vue préventif.

Le webinaire semble avoir rencontré un franc succès, y compris au-delà de nos frontières...

JLP : Oui, il y a eu 300 inscriptions, des audioprothésistes avant tout, quelques orthophonistes et aussi des ORL, dont des médecins libéraux parfois étrangers qui n’ont pas nécessairement beaucoup d’opportunités d’assister à des conférences. Tous ces professionnels de santé sont demandeurs d’actualisation sur la recherche sans être pour cela obligés de se déplacer pour se rendre à des congrès. le webinaire, qui s’est déroulé de 19 à 20h a répondu à cette attente. C’est une façon simple, peu contraignante et peu coûteuse de proposer de la formation continue.

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