1/ « Les indépendants, premier réseau d’audioprothèse de France »
L’étude que nous livre Audiologie Demain montre de manière indéniable que les centres d’audioprothésistes indépendants demeurent les plus nombreux, représentant près de 38 % des points de ventes. Et ce, sans compter les indépendants du modèle audio-optique. Ce pourcentage est stable malgré l’explosion d’ouvertures liée au 100 % Santé ce qui prouve que les audioprothésistes de ce modèle y ont largement participé. On ne peut que s’en réjouir. Cette tendance montre l’attachement de notre profession à l’exercice libéral.
2/ Quid du temps de présence effectif ?
Cette étude fournit des informations inédites sur la répartition géographique des audioprothésistes mais il faudrait faire le distinguo entre les centres exclusifs où exercent deux ou trois audioprothésistes à plein temps et les corners qui ne bénéficient de la présence d’un audio – quand il est diplômé – qu’un jour ou deux par semaine. De même, il serait intéressant de la compléter en se concentrant sur les volumes d’appareils par centre. Dans l’analyse sectorielle que j’ai menée en 2015 [1], je relevais, d’après les données Sniiram, une disparité importante de l’activité des centres : sur les 3 600 points de vente de l’époque, les 25 % plus importants généraient 60 % de l’activité quand les 25 % plus modestes, « dont la vertu supposée serait d'offrir une offre de proximité », n’en réalisaient que 3 %. Comment peut-on justifier la création de corners dans des zones où l’offre de soins audioprothétiques est déjà bien pourvue, assurée par la présence de plusieurs centres exclusifs qui apportent un réel service ? Cela n’a pas de sens si l’on considère que l’audioprothèse appartient au secteur de la santé et non de la consommation. Il revient aux pouvoirs publics d’arbitrer en faveur d’une meilleure régulation de notre profession ou du laisser-faire...
3/ Une répartition inégale sur le territoire
L’étude met en effet au jour une répartition géographique très inégale ainsi que l’existence de déserts audioprothétiques et ce, malgré la forte progression des effectifs – et des ouvertures – ces dernières années. Cette situation que le Baromètre permet d’objectiver pose la question de l’intérêt d’adopter un conventionnement sélectif dans les zones surdotées*, comme le SDA l’a suggéré dans un communiqué en juillet 2023. Ce système de régulation à l’installation peut faire peur de prime abord mais les deux professions de santé qui l’ont mis en place depuis plusieurs années – les infirmiers et les kinés libéraux – en sont plutôt satisfaites. Le dispositif semble éviter une concurrence exacerbée dans certains territoires et avoir un effet positif sur la répartition de l'offre de soins. D’ailleurs, ils seront rejoints par les chirurgiens-dentistes en janvier 2025.
4/ Une profession riche de sa diversité
Ce dont témoigne encore l'étude menée par Audiologie Demain, c’est la richesse de notre métier, la diversité de ses acteurs et des possibilités offertes aux audioprothésistes en termes de mode d’exercice. Les jeunes audioprothésistes disposent désormais d’un outil qui leur permet de choisir la zone où s’installer et les professionnels dont la carrière est plus avancée ont la possibilité de céder leurs affaires, dans de bonnes conditions, à un large choix d’acteurs, qu’ils soient intégrés, succursalistes, etc. Le baromètre illustre bien ce cycle d’ouvertures et de cessions, symptomatique d’un secteur en bonne santé.
*Le conventionnement sélectif régule les installations en zones bien dotées ou « surdenses », en autorisant le conventionnement à l’assurance maladie d’un professionnel s'il est concomitant avec la cessation d’activité libérale d’un confrère exerçant dans la même zone.
Les propos tenus dans les tribunes sont sous la responsabilité de leurs auteurs et ne reflètent pas forcément l’opinion d’Audiologie Demain.