Porter un masque pour enseigner ou soigner constitue un véritable défi voire une entrave, a fortiori auprès de publics malentendants ou sourds. La Fédération nationale des orthophonistes (FNO) réclame donc la diffusion de masques transparents auprès des orthophonistes et de leurs patients. Dans un courrier adressé le 1er septembre 2020 à Sophie Cluzel, secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées (qui porte un tel masque lors de toutes ses sorties publiques), à Olivier Véran, ministre de la Santé et au directeur général de l’Union nationale des caisses d’assurance maladie, la FNO considère « ce nouvel équipement indispensable pour la sécurité et la qualité de nos prises en soins » et juge « essentielle » que leur soit accordée une dotation spécifique. Elle juge par ailleurs « nécessaire une discussion autour du coût qu’[il] représente pour les orthophonistes. (…) Comme d'autres professionnels de santé, les orthophonistes doivent pouvoir bénéficier d'une aide spécifique matérielle et financière pour s'équiper correctement. »
Interrogé par Audiologie Demain, Luis Godinho, président du Syndicat des audioprothésistes (SDA, ex Unsaf) confirme : « Les audioprothésistes rencontrent les mêmes difficultés que les orthophonistes. Nous prenons en charge des personnes qui, dans leur très grande majorité, ont besoin, à des degrés divers, du soutien de la lecture labiale. Nos patients respectifs bénéficieraient d’une démocratisation des masques inclusifs. »
Pour la généralisation des masques transparents
Fin août, deux premiers modèles ont obtenu l'homologation en France, le Masque inclusif de la société ASA Initia, en partenariat avec APF France handicap, et le Masque sourire de la société Odiora (lire notre article Masques : des solutions accessibles). Ils ont été rejoints par le masque Beethoven, fabriqué par la société Where the daffodils grow, qui sera disponible le 20 septembre.
À l'occasion de leur mise sur le marché, la secrétaire d'État chargée des Personnes handicapées a appelé à « généraliser les masques transparents » et à « faire baisser leur prix » pour les rendre accessibles au plus grand nombre. Dans un entretien à l’AFP, Sophie Cluzel a ajouté : « Comme souvent, des choses qui sont développées pour un type de handicap vont servir pour le bien commun ». Quelques jours plus tard, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation nationale, a annoncé que des masques transparents seraient fournis aux enseignants de maternelle et des Classes Ulis (Unités localisées pour l’inclusion scolaire) pour les élèves en situation de handicap.
Certaines villes ont d’ores et déjà lancé les commandes de masques transparents. La Métropole Rouen Normandie a annoncé le 31 août prévoir la distribution de 2 200 masques « inclusifs » pour les écoles et crèches municipales. « Ce masque a pour but d’améliorer l’identification du porteur, de soutenir la compréhension orale, de mieux voir l’expression du visage et de faciliter l’apprentissage d’une langue. »
Dans une question écrite au Sénat, Jacques-Bernard Magner (SOCR, élu dans le Puy-de-Dôme) interpellait en mai le ministère de la Santé sur la problématique des masques pour les personnes sourdes ou malentendantes, demandant notamment « le déploiement de masques non opaques ». Début septembre, réponse lui était donnée que : « Tous les efforts sont entrepris par le Gouvernement pour déployer des équipements de protection inclusif et veiller, tout au long de la crise sanitaire et au-delà, à n'exclure aucune personne du fait de son handicap. »