08 Novembre 2021

Mieux appréhender l’état d’esprit de nos patients : une nécessité pour une prise en charge plus efficace (Partie 2)

Mieux comprendre la psychologie des malentendants est une condition sine qua none pour les aider les patients à franchir le cap de la réhabilitation auditive. Audio Académie s’est penché sur le sujet et livre quelques conseils.

Par Jonathan Goldminc
(c) VectorMine AdobeStock

L’audioprothésiste, un catalyseur de motivation et de confiance

Si un patient est réticent quant au fait de se faire appareiller, c’est qu’il y a une raison, ancrée au plus profond de lui-même. Derrière le manque de motivation, on découvre souvent un manque de confiance à plusieurs égards. Défiance vis-à-vis du besoin de se faire équiper, de l’efficacité des aides auditives, de l’intégrité du professionnel de santé, ou manque de confiance en soi sont autant de raisons qui repoussent la démarche d’appareillage d’un malentendant.

  • [Envers le professionnel] - Bien souvent, le manque de transparence des audioprothésistes envers leurs patients génère un climat de défiance chez les personnes âgées, étouffant chez elles toute forme de conviction. À l’inverse, le fait de se montrer rassurant, empathique et véritablement focalisé sur leur bien-être et leur intérêt ne peut qu’être bénéfique aux deux parties. Pour cela, nous devons prendre le temps de répondre à toutes les questions de nos patients, tout en nous intéressant à leur situation spécifique pour leur proposer les solutions les plus personnalisées possibles.
  • [Envers les aides auditives] - Certains patients craignent d’être équipés avec du matériel inadapté ou inefficace, sous prétexte de nous permettre de réaliser toujours plus de chiffre d'affaires. Par conséquent, expliquer les technologies auditives, leurs fonctionnements et surtout leurs bénéfices, les aide à coup sûr à se projeter et à s’approprier leur futur équipement. Comprendre les attentes de nos patients, vulgariser la technologie et rendre accessible leurs atouts de manière à toucher chacun de manière individuelle, sont autant de compétences que nous devons dorénavant maîtriser.
  • [Envers lui-même] - Face aux innovations actuelles, les personnes âgées démontrent très souvent un manque de confiance en elles, s’estimant en retard sur la technologie, ce qui finit par les effrayer. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elles sont nombreuses à se faire accompagner par leurs enfants ou petits-enfants, auxquels elles délèguent souvent la prise de décision finale. Il est important de rappeler ici que l’accompagnant doit être à son tour un catalyseur de décision, mais que celle-ci doit revenir au patient. En effet, tant que celui-ci ne choisit pas lui-même de se faire appareiller, l’appropriation n’aura pas lieu et les bénéfices qu’il tirera de ses aides auditives seront moins importants.

L’importance d’une prise de décision à l’initiative du patient

Si le patient ne vient pas de lui-même chercher une solution à sa perte d’audition, c’est qu’il n’accepte pas totalement cette situation ou qu’il manque de confiance dans les dispositifs proposés. Cela augmente donc les risques qu’il baisse les bras à un moment ou un autre de sa démarche. Pour aider vos patients à changer leur état d’esprit et à prendre conscience des bénéfices de l’appareillage auditif, nos arguments et nos conseils sont essentiels. En cela, l’entretien de motivation, visant à interroger votre patient pour découvrir en détail ses attentes et pour renforcer sa conviction, est essentiel !

Pour adapter nos arguments au cas particulier de chaque patient et nous inscrire dans une démarche positive plutôt que moralisatrice, n’oublions pas les trois arguments suivants :

  • [Vivre mieux plus longtemps] - En décembre 2017, un article de la revue britannique The Lancet affirmait que la démence précoce est pour un tiers liée à des facteurs de risque modifiable, c'est-à-dire sous le contrôle du patient. Or, la perte auditive non traitée étant le premier de ces facteurs évitables, il est vrai qu’opter pour cette solution a des conséquences positives bien plus nombreuses que ce que l’on pourrait croire de prime abord.
  • [Un investissement pour sa santé] - Une perte auditive non traitée a des répercussions importantes sur la santé et engendre par conséquent très souvent des dépenses importantes (dépression, démence, dépendance…). C’est d’ailleurs l’une des raisons principales derrière la réforme « 100 % Santé audio ».
  • [Un coût social à ne pas oublier] - Si les conversations deviennent une épreuve, les interactions seront inévitablement amoindries. Il ne faut donc pas sous-estimer les bienfaits de la sociabilisation, favorisée par des équipements auditifs adéquats et bien adaptés.

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