05 Juillet 2024

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Thérapie génique : « La qualité du signal plus importante que le niveau des seuils »

Après les Américains de Regeneron, les Chinois de l’université Fudan – qui ont effectué la première injection de thérapie génique pour une surdité – ont publié des résultats détaillés de leur essai clinique. Ils sont moins bons, mais pour Saaid Safieddine, chercheur à l’Institut Pasteur, l’essentiel n’est pas là.

Par Bruno Scala
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La course à la thérapie génique bat son plein. Début mai, les résultats de l’essai clinique de l’entreprise américaine Regeneron étaient dévoilés lors d’un congrès. Ceux de deux patients avaient été mis en avant, et ils étaient plutôt impressionnants.

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Fin mai, ce sont ceux de l’essai clinique chinois, mené par le Dr Yilay Shu (université Fudan), qui ont été publiés dans Nature Medicine. Techniquement, l’équipe chinoise a été la première à présenter des résultats, lors d’un congrès en octobre 2023 et ces chercheurs ont également été les premiers à injecter un traitement de thérapie génique chez un patient (le tout sur la base d’une preuve de concept française).

Mais force est de constater que les résultats chinois sont moins impressionnants que ceux de Regeneron. 26 semaines après injection du produit dans l’oreille, le meilleur des cinq patients dont les résultats sont présentés (patient 3) atteint des seuils un peu supérieurs à 40 dB aux ABR, pour la meilleure oreille (gauche), aux meilleures fréquences (1 et 2 kHz). Du côté de l’essai américain, le meilleur patient atteignait des seuils légèrement supérieurs à 20 dB aux mêmes fréquences.

De multiples paramètres

Qu’est-ce qui peut expliquer une telle différence ? Les deux équipes ont travaillé avec le même vecteur, mais le traitement a été injecté à des doses différentes. « Quand on travaille sur le vivant, beaucoup de paramètres peuvent entrer en jeu : la technique chirurgicale, la qualité du vecteur, la qualité du chirurgien, l’âge du patient, ou encore la dose de traitement », explique Saaid Safieddine, chercheur à l’Institut de l’audition, centre de l’Institut Pasteur, qui a établi la preuve de concept de thérapie génique pour la DFNB9 et mis au point le vecteur qui sera utilisé dans l’essai clinique français (intitulé Audiogene et porté par Sensorion, la Fondation pour l’audition, l’AP-HP et l’Institut Pasteur, il devrait débuter dans quelques mois).

L’enjeu est crucial car avec des seuils de 40 dB au mieux, et plutôt 60 dB en moyenne, le patient est possiblement toujours candidat à l’implantation cochléaire. Or, comme nous l’expliquait Nawal Ouzren, PDG de Sensorion, « si les patients récupèrent une audition qui fait toujours d’eux des candidats à l’implantation cochléaire [discrimination de 50 % à 60 dB, NDLR], ça ne sera pas suffisant, car les financeurs [l’Assurance maladie, NDLR] ne paieront pas pour les deux ».

Pour Saaid Safieddine, d’un point de vue médical, les résultats très prometteurs de ces essais cliniques de phase 2 montrent que la thérapie génique pour la surdité héréditaire pourra être proposée à court terme comme traitement curatif aux patients atteints : « Le seuil n’est pas primordial. Ce qui l’est, c’est la qualité du traitement du signal sonore. L’implant, c’est une stimulation électrique : une vingtaine d’électrodes sont utilisées, tandis qu’il y a 30 000 neurones à stimuler. Avec la thérapie génique, on restaure l’audition naturelle ; on stimule la quasi totalité de ces 30 000 neurones. Même à 40 dB de seuil, la qualité de perception auditive est optimale. »

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