À l’essentiel… avec Luis Godinho, vice-président du SDA

Dans une tribune publiée dans l’édition du 1er mars du Monde, les présidents de huit syndicats de professionnels de santé et de France Assos Santé regrettent que la proposition de loi Rist*, qui visait à ouvrir l’accès direct aux infirmiers, masseurs-kinésithérapeutes et orthophonistes, se résume à un « coup d’épée dans l’eau », le gouvernement et les parlementaires l’ayant « vidée » de sa substance. Entretien avec le vice-président du SDA, Luis Godinho, qui en est l’un des co-signataires.

Propos recueillis par Ludivine Aubin-Karpinski
A l essentiel Web

Les audioprothésistes ne sont pas concernés au premier chef par la proposition de loi Rist. Pourquoi avoir co-signé cette tribune ?

Les seuls à l’être étaient en effet les infirmiers, les masseurs-kinésithérapeutes et les orthophonistes mais les enjeux en question nous concernent tous. L’ensemble des non médecins pensent pouvoir apporter leur contribution à la problématique des déserts médicaux et des inégalités d’accès aux soins. De trop nombreuses personnes se tournent aujourd’hui vers des médecines « alternatives » car elles ne trouvent pas de professionnels de santé réglementés. Plus de six millions de patients n’ont ainsi pas accès à un médecin traitant. Je pense qu’il vaut mieux consulter des paramédicaux, en coordination avec les médecins, que des rebouteux. Mais, je tiens à le rappeler, l’accès direct n’est pas une revendication des audioprothésistes.

Selon vous, cette proposition de loi apportait des réponses concrètes et pertinentes ?

Elle va dans le bon sens mais elle a sans doute souffert d’un timing un peu malheureux avec la concomitance des négociations conventionnelles entre l’Assurance maladie et les médecins libéraux qui ont achoppé. Ces derniers ont de ce fait peut-être surréagi concernant cette ouverture malgré tout extrêmement encadrée et modeste. Pourtant, personne ne remet en question le fait que le médecin doit être le garant du parcours de soins du patient. Mais la littérature montre que lorsque l’on ouvre l’accès à d’autres professionnels de santé, dans d’autres pays, cela se passe bien et sans perte de chance.

On connaît les problématiques de démographie médicale des ORL et des médecins généralistes. Est-ce que des délégations de compétences aux audioprothésistes sont envisagées à plus ou moins long terme ?

Aujourd’hui, du fait du manque de cadre légal, il nous parait dangereux de déléguer quoi que ce soit à la profession. Par ailleurs, nous ne nous passerons jamais du diagnostic initial et donc de la prescription médicale initiale. En revanche, peut-être qu’à l’avenir, si les audioprothésistes se dotaient de règles de bonnes pratiques, d’un décret de compétences, voire d’un code de déontologie et d’un ordre, on pourrait imaginer leur permettre de réaliser les renouvellements au bout d’un certain nombre d’années à définir.

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