La discorde récente entre le SDA et le Synea concernant l’entrée du second au sein de l’AEA déborde du simple cadre de la représentation française dans l’instance européenne. Elle s’est jouée sur des arguments liés à la représentativité des deux syndicats. En effet, le Synea a légitimé sa candidature en indiquant représenter « près de 55 % du marché ». Et, dans un entretien à Audiologie Demain, son président, Benoît Roy a clairement exprimé son souhait de faire reconnaitre son syndicat comme « le premier organisme représentatif en audioprothèse ». Bien plus, il a opposé à l’argument qui résumerait le Synea à un « syndicat d’entreprise » le fait que, selon lui, le SDA ne représenterait que les audioprothésistes diplômés employeurs, selon ses statuts révisés lors du passage de l’Unsaf au SDA, en 2020.
Brice Jantzem a aussitôt réagi en affirmant que le syndicat « a toujours représenté l’ensemble des audioprothésistes » et que « tous les adhérents y sont à égalité hormis dans le cas précis des négociations d'accords de branche où seuls ceux qui sont associés ou propriétaires d’affaires peuvent voter ». « Nous sommes le syndicat des RPPS et pas celui des Finess, a-t-il insisté. Chez nous, les salariés que nous comptabilisons ont volontairement cotisé. »
Quelques semaines plus tard, le SDA publie sa « profession de foi », en réponse à ces arguments. Dès les premières lignes, le ton est donné : « Le SDA ne défend pas les actionnaires. Le SDA ne défend pas les employeurs. Le SDA ne défend pas les employés. Le SDA défend les praticiens dans leur exercice professionnel. »
Le syndicat inscrit cette publication dans un contexte de « croissance historique » et « d'apparition d’acteurs se livrant à des activités illégales d’une ampleur sans précédent ». Il rappelle ainsi les valeurs qui l’animent et notamment « les déterminants de [ses] orientations ». Parmi ses « convictions et objectifs », il met en avant : « Un métier de la santé, centré sur la prestation, dont le responsable est l’audioprothésiste diplômé », « un exercice déontologique qui respecte les personnes dans le cadre d’une offre de soins en concurrence loyale », « une qualité de la prestation assurée par une réglementation claire et précise applicable à tous et contrôlée par les pouvoirs publics »...
Le SDA livre ensuite une véritable feuille de route et résume les piliers de son action : il affiche notamment ses modèles « d’organisation et de communication » que sont les cabinets dentaires et officines de pharmacie, qu’il oppose au « modèle des magasins d’optique » ; il évoque également la lutte contre la fraude, « “l’aller vers” les personnes non déplaçables dans un cadre réglementaire l’autorisant », « plutôt que des camionnettes conduites par des référents souvent diplômés d’optique », la publicité « pour la profession et la prestation des audioprothésistes », « plutôt que des publicités commerciales avec témoignages, promesses de résultat, primes et cadeaux », la valorisation du diplôme d’État et l’accueil des diplômés européens ayant exercé à l’étranger, « plutôt que des formations ou autorisations d’exercice de complaisance », un décret de compétence interdisant des actes aux non-audioprothésistes et ajoutant des actes aux diplômés, « plutôt que de la délégation de tâche non autorisée », le dépistage des troubles de l’audition organisé par les pouvoirs publics, « plutôt que les démarchages commerciaux sous couvert de repérage » et enfin, la création d’un ordre des audioprothésistes.
Le syndicat se veut rassembleur et insiste sur le dénominateur commun entre « employeurs » et « employés » : « tous les audioprothésistes partagent le même intérêt à préserver l’essence du métier ». « Y a-t-il un autre syndicat pour vous représenter en tant qu’audioprothésiste ? », interroge-t-il ensuite, avant de s'inscrire clairement en opposition aux « fonds d’investissements et à leurs stratégies multinationales », à « l’alternative financiarisée », qui conduirait amènerait à la « consolidation » du secteur.
Le SDA prône enfin une action « guidée par les objectifs à long terme de santé publique » et son souhait de conserver la profession « à l’intersection du conseil, du soin, de l’accompagnement et de la technique ».