Lorsqu’on évoque AuditionSolidarité, ce sont les missions à l’étranger, au Vietnam, en République Dominicaine (lire notre article AuditionSolidarité en terre inconnue), à Madagascar, etc. qui viennent généralement à l’esprit. Mais c’est oublier que l’association œuvre aussi sur le territoire français.
Depuis 2012, elle propose notamment des missions dans des hôpitaux, à Paris et à Marseille. Avec des aides auditives recyclées dans ses ateliers, elle appareille et suit des malentendants sans couverture sociale ou ne bénéficiant que de l’aide médicale d’État. Au début, ces missions avaient lieu dans un car aménagé à deux étages. Puis, grâce à Martin Hirsch, devenu entre-temps parrain de l’association et directeur de l'AP-HP, Audition solidarité s’est vu ouvrir les portes de l’hôpital Rothschild, où elle se rend désormais tous les six mois environ, quand aucune crise sanitaire ne vient perturber cet agenda.
Cette fois-ci, en raison de la Covid, l’association a décidé d’accoler deux missions, et c’est ainsi qu’elle vient de passer quatre jours à Paris : deux (15 et 16 juin) au sein de l’hôpital Rothschild pour accueillir de nouveaux patients (primo appareillés) et deux autres (17-18 juin) à la paroisse Saint-Marcel pour le suivi des patients qu’elle avait déjà vus lors de précédentes missions.
Le parcours des patients commence avec l’ORL Sylvie Claudin, mécène de l’association depuis environ 5 ans. Elle exerçait en libéral jusqu’à l’année dernière et effectue désormais des remplacements dans le Sud-Ouest de la France. « On vérifie l’état de leur conduit, qu’il n’y a pas de bouchon, d’infection ou d’otite… explique la praticienne. Ensuite, les patients passent à l’audiométrie. »
Ici, c’est Olivier Akerib qui se charge de l’audiométrie. Il actualise un audiogramme réalisé sur… 2 fréquences !
Audioprothésiste à Rueil-Malmaison et Neuilly-sur-Seine (92) au sein de l’enseigne GrandAudition, Olivier Akerib est mécène depuis une dizaine d’années. La séance demande une importante pédagogie, notamment quand les patients disent ne pas porter les aides auditives : « Il faut comprendre pourquoi ils ne les portent pas, explique l’audioprothésiste. Ce patient porte des aérateurs transtympaniques et il est possible qu’il ait des démangeaisons à cause de cela. » En dehors de ce travail de pédagogie, le suivi consiste majoritairement à remplacer des aides auditives perdues ou cassées, ou à modifier les réglages lorsque la perte auditive a évolué. Un phénomène fréquent puisque ces patients n’ont pas été vus depuis un an et demi.
L’étape suivante est la prise d’empreinte. C’est également Olivier Akerib qui s’en charge. Pour cette mission, l’équipe d’AuditionSolidarité se compose de quatre audioprothésistes, qui s’occupent tous de patients simultanément.
Georges Ormancey s’occupe de la fabrication des embouts. Cet audioprothésiste exerce aujourd’hui à Mont-de-Marsan, mais son histoire l’a beaucoup fait voyager. Il découvre le métier d’audioprothésiste alors que, DUT d'électronique en poche, il répond à l’annonce d’un audio à la recherche d’un technicien à Reims. « C’était fascinant d’exercer un métier où les gens avaient besoin de moi », se souvient-il. En 2010, après deux années passées sur l’île de la Réunion à fabriquer des embouts, il revient en France, mais ne trouve pas de travail. Une période qu’il met à profit pour passer son diplôme d’audioprothésiste, qu’il obtient à l’école de Nancy.
Aujourd’hui, il a déménagé à Mont-de-Marsan pour se rapprocher du siège d’AuditionSolidarité, dans les Landes. Il forme, avec une autre audioprothésiste, Lucile Faivre, l’équipe GDM (gestion de mission) qui aide à la logistique des missions de l’association.
Sur une mission comme celle-ci, il fabrique environ 25 unités par jour.
Christine Bourger, co-fondatrice de l’association AuditionSolidarité, est l'une des audioprothésistes de la mission. Elle s'occupe ici de l’appareillage. Au cours de cette mission, une cinquantaine de patients ont été primo appareillés et, le 17 juin, l’association avait déjà vu plus de 30 patients en suivi. La solidarité a de beaux jours devant elle…
L’orthophoniste Hélène Feuillie clôt le parcours des patients reçus. Ici, son rôle est différent de lors des missions à l’étranger, où les enfants appareillés entendent souvent pour la première fois : « Dans ce cas, on doit procéder à une éducation auditive, leur apprendre à discriminer les sons, détaille-t-elle. On doit aussi leur faire travailler leur praxie bucco-faciale et leur souffle. » Au cours des missions françaises, son rôle consiste davantage à expliquer les gestes simples relatifs aux aides auditives : comment les mettre, les enlever. L’orthophoniste vérifie une dernière fois les réglages en parlant au patient. Elle leur fournit des piles, etc. Les patients sont alors prêts. Ils seront revus lors des prochaines missions parisiennes (ou dans le cadre de Rendez-vous solidaires – lire notre article Rendez-vous solidaires : « Apporter l'humanitaire sur tout le territoire »). La prochaine aura lieu fin septembre. Les patients seront prévenus par SMS.