« La SFA est aujourd’hui reconnue par les instances des différentes disciplines et par les pouvoirs publics »

Le Dr Didier Bouccara est l’un des piliers de la SFA, depuis sa création. Il se livre à un point d’étape à l’heure où la société savante se prépare pour le Congrès mondial d’audiologie de 2024.

Propos recueillis par Ludivine Aubin-Karpinski
SFA

Vous êtes un membre de la première heure de la SFA. Pourquoi avoir choisi de vous engager au sein de cette société savante ?

Lorsque la SFA a été fondée en 1993 par René Dauman et Jean-Marie Aran, j’étais chef de clinique et m’occupais de l’audition parmi d’autres choses. C’est mon chef de service, Olivier Sterkers, qui m’a incité à m’intéresser à cette toute jeune société savante et m’a poussé à préparer une présentation pour son premier congrès, qui s’est tenu à Bordeaux. Ce fut la découverte d’un nouveau monde. Au-delà du cadre très convivial, l’événement rassemblait toutes les disciplines intéressées par l’audiologie. Et puis, surtout, c'était un congrès international, avec des participants qui venaient du monde entier. Il fut pour moi véritablement fondateur et m’a permis de rencontrer des gens passionnés, d’horizons variés.

Cette pluridisciplinarité à l’œuvre au sein de la SFA, c’était novateur à l’époque...

Oui, c'était inédit en France. J'avais la chance, à l'hôpital Beaujon, de pouvoir travailler régulièrement avec une orthophoniste et des audioprothésistes. Mais, cette pluridisciplinarité était à l’époque beaucoup moins formalisée qu’aujourd’hui. La création d’une société dédiée à « l’audiologie » était en soi une révolution.

La SFA est une société très conviviale, à taille humaine, où les frontières entre les différentes professions s’estompent. Le bureau et le conseil d’administration sont des lieux d’échanges importants et qui ont toujours eu à cœur la représentativité de toutes les disciplines qui les composent. C’est perfectible concernant les orthophonistes mais nous avons la chance de compter parmi nos membres d’éminentes représentantes de cette profession : Stéphanie Borel et Emmanuèle Ambert-Dahan.

Comment la SFA a-t-elle évolué toutes ces années ?

Plusieurs personnalités ont grandement participé à l’évolution de la SFA. Martine Ohresser est l’une d’entre elles ; elle a beaucoup œuvré pour la société en tant que secrétaire générale, jusqu’à ce que je lui succède. C’est sous son impulsion et celle d’un groupe motivé qu’ont été rédigés les « Guides de bonnes pratiques pour l’audiométrie ». Leur élaboration a constitué une étape importante car elle nous a permis de nous réunir plusieurs fois par an et a contribué à cimenter le noyau de membres actifs. Chacun d’entre eux, comme notre nouvelle présidente, Isabelle Mosnier, œuvre activement pour faire vivre la SFA. Toutes ces années ont été scandées par des congrès, qui ont été des points d’orgue pour la société en même temps que des moments d’expression pour les présidents qui se sont succédé.

Même si elle fait figure d’ovni, avec un nombre de membres assez modeste en comparaison avec d’autres sociétés savantes, la SFA est aujourd’hui reconnue par les instances des différentes disciplines et également par les pouvoirs publics. Elle est très sollicitée pour son expertise et notamment la rédaction de recommandations comme celles réalisées avec la SFORL sur la presbyacousie (lire notre dossier Coordonner le parcours des presbyacousiques) ou l’audiométrie vocale dans le bruit (lire notre dossier La vocale dans le bruit redessine le parcours de soin).

Comment voyez-vous son avenir et plus largement l'évolution de l’audiologie en France ?

Les perspectives sont riches avec l’organisation du Congrès mondial d’audiologie en 2024, sous la présidence d’Hung Thai-Van, qui nous mobilise grandement. Il constituera un accélérateur pour fédérer tous les professionnels intéressés par l’audiologie et un tremplin pour dynamiser la filière. La pluridisciplinarité se généralise de plus en plus dans les pratiques, comme dans les centres d’implantation cochléaire, avec la création de réseaux de soins. Je pense que la SFA montre qu’il est possible de faire de « l‘audiologie sans audiologistes », grâce à cette interaction forte entre toutes les disciplines, cette capacité à travailler ensemble.

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