Les patients acouphéniques présentant une légère perte auditive pourront-ils bientôt prétendre à un remboursement pour un appareillage ? C’est le souhait exprimé par la Dr Marie-José Fraysse, à l’occasion du congrès de l’Afrépa qui s’est tenu à Lille, les 13 et 14 juin. Accompagnée du Pr Philippe Fournier, la spécialiste a présenté les résultats définitifs de l’étude Afrépa : chez les patients acouphéniques présentant une perte auditive de 16 dB en moyenne seulement, les thérapies sonores (amplification et/ou générateurs de bruits) prodigués via les appareils auditifs sont plus efficaces que le placebo pour réduire la perception de l’acouphène.
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L’amplification plébiscitée
Issus de 6 centres français, les 128 patients ont été randomisés pour recevoir un traitement placebo (un appareillage permettant une amplification neutre, groupe 1), un générateur de bruits seul (groupe 2) ou un générateur de bruit associé à une amplification (groupe 3). Après 6 semaines de traitement, les patients des groupes 2 et 3 étaient libres de choisir le programme de leur choix pendant les six semaines suivantes. Après 12 semaines de traitement, les résultats sont clairs : les patients ont atteint l’objectif principal avec une réduction au questionnaire TFI de 21 et 18 points, pour les groupes 2 et 3 respectivement. Fait remarquable : lorsque les patients avaient le choix du programme, près de 80 % ont opté pour une amplification (seule ou combinée). Preuve que ce traitement s’avère intéressant, même chez les patients acouphéniques présentant une surdité légère, voire une audition normale, a pointé Marie-José Fraysse.
Rendre accessible l’appareillage aux patients acouphéniques
« Pour que ces patients puissent bénéficier d’un remboursement, il faut porter [ces résultats] à la HAS », a poursuivi la spécialiste. Car, actuellement, seules les personnes présentant une perte auditive d’au moins 30 dB sont éligibles à la prise en charge de leurs appareils. La spécialiste estime cependant qu’un encadrement strict est nécessaire. Elle a ainsi proposé l’instauration d’une période d’essai obligatoire, d’une période de deux à deux mois et demi, pour les patients acouphéniques avec surdité légère. « Une condition minimale pour [intégrer cette prise en charge] dans les recommandations et que ces patients soient désormais reconnus comme ayant droit au remboursement. »
La Dr Marie-José Fraysse a enfin plaidé pour une labellisation des centres d’audioprothèse spécialisés dans l’acouphène, basée sur la présence d’un audioprothésiste spécialiste de cette pathologie. Le but : optimiser et réduire le circuit du patient pour une meilleure prise en charge. Des recommandations sur les acouphènes sont attendues d’ici l’automne 2025.