Le robot Hearo dans les mains des chirurgiens montpelliérains

Au CHU de Montpellier, le Pr Frédéric Venail a réalisé, pour la première fois en France, une implantation cochléaire à l’aide du robot Hearo, fruit de la collaboration entre Cascination et MED-EL.

Par Bruno Scala
hearo

Le Pr Frédéric Venail a effectué début novembre, au CHU de Montpellier, une implantation cochléaire assisté du robot Hearo. Une première pour la structure occitane, qui fait le pari de la robotique : elle s’était déjà dotée, il y a quelques mois, du Robotol, également utilisé pour l’implantation cochléaire et plus généralement pour la chirurgie d’oreille moyenne. 

Hearo est développé par l’entreprise Suisse Cascination et MED-EL. Il a reçu un marquage CE l’an dernier. « Il a fait l’objet d’une première étude clinique à Bern (Suisse), où se situe le siège social de Cascination, puis a été utilisé au CHU d’Anvers (Belgique), rapporte le chirurgien montpelliérain. Il a également servi à Innsbruck (Autriche), où MED-EL a son siège social. » 

Protocole de recherche 

Au CHU de Montpellier, Hearo n'est néanmoins pas utilisé en routine. « Nous l’utilisons dans le cadre d’un protocole de recherche clinique, précise le Pr Venail. Il consiste à évaluer la faisabilité du processus, sur 10 patients adultes. Si tout va bien, cette évaluation devrait se terminer d’ici un an ou un an et demi. » 

Le robot Hearo permet de réaliser la première étape de l’implantation cochléaire, à savoir fraiser un tunnel dans la mastoïde, jusqu’à la fenêtre ronde. « Le robot est couplé à de l’imagerie, ce qui permet de calculer – via le logiciel Otoplan – une trajectoire optimale, détaille le chirurgien. L’objectif est ainsi de pouvoir insérer l’implant dans la cochlée de telle sorte qu’on évite d'endommager les structures de l’oreille interne. »

Lors de cette étape, le principal risque pour le chirurgien est de toucher le nerf facial. Pour éviter cela, le robot dispose de deux outils, permettant deux niveaux de contrôle en cours d’intervention : d’abord, il détecte si la trajectoire de fraisage s’écarte de la trajectoire calculée en amont ; ensuite, l’électrostimulation du nerf facial détecte une trop grande proximité de ce dernier. « C’est le seul robot qui offre autant de sécurité sur cette phase », rapporte le chirurgien. 

Le logiciel Otoplan permet en outre de déterminer quelle longueur de porte-électrodes, au sein du portefeuille de produits MED-EL, sera la plus en adéquation avec l’anatomie cochléaire du patient. 

La place du chirurgien 

Hearo est donc complémentaire du Robotol (lire notre article Le Robotol s'implante au bloc), puisque le premier ne permet pas de réaliser l’insertion stricto sensu, tandis que le second ne réalise pas la phase de fraisage (lire notre article La robotique monte en puissance). Quelle est la place du chirurgien dans cet éventail de solutions robotisées ? « C’est comme pour un avion sur pilote automatique, parfois le pilote est indispensable parce que tout ne se passe pas comme prévu et il faut prendre des décisions, illustre Frédéric Venail. Pour l’instant, seul le chirurgien peut prendre ces décisions. Par exemple, que faut-il faire en cas d’écart entre la trajectoire planifiée et la trajectoire réelle ? Comment interpréter les données relatives au nerf facial : est-on trop proche ou non ? Par ailleurs, toute l’étape de planification, en amont, repose sur les décisions du chirurgien. » En outre, Hearo n’est indiqué pour l’instant que pour les adultes, et présente en plus certaines contre-indications, comme lorsque le nerf facial est trop proche de la zone de fraisage. 

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