Le rejet, pourtant sans équivoque, fin décembre 2023, du Conseil d’État du recours des Audioprothésistes Mobiles contre l’interdiction de l’exercice itinérant et l’encadrement strict des consultations de suivi à distance (lire l’article Le Conseil d'État dit non à l'itinérance en audio), n’a pas émoussé la combattivité de l’entreprise nantaise. Le 2 mai, celle-ci a publié un communiqué de presse pour défendre son modèle et « appeler au soutien des médias, des politiques et des décideurs ». Elle y indique faire « face à un contexte impactant la mission de l’entreprise », jugeant pourtant sa mission « essentielle » « puisqu’elle consiste à améliorer la qualité de vie [des personnes malentendantes et dépendantes] et dans l’incapacité de bénéficier d’un accès à des soins audioprothétiques appropriés ». Elle se dit également « déterminée à défendre l’accès aux soins auditifs adaptés pour tous » et demande une évolution de la réglementation, notamment « le recours aux nouvelles technologies en audioprothèse ».
Par ailleurs, même si les Audioprothésistes Mobiles jugent la lutte contre les fraudes « nécessaire », ses dirigeants déplorent des « stratégies d’arrière-garde », « en contradiction des politiques publiques et de l’utilisation de la télémédecine pour apporter des soins auprès du grand âge ». Le secteur de l’audioprothèse fait en effet l’objet d’une surveillance accrue des services de l’Assurance maladie qui a permis de détecter 21 millions d’euros de fraude en 2023 sur le secteur. Un contexte peu favorable pour une entreprise dont le modèle est en rupture avec le cadre traditionnel et réglementaire. « Ce discours autour de la "fraude" et de la lutte contre les mauvaises pratiques est de plus, utilisé pour discréditer les audioprothésistes souhaitant ou utilisant des pratiques novatrices et pour s’opposer aux évolutions nécessaires de la profession pour le bien de ces patients », commente l’entreprise nantaise, dans son communiqué. Les Audioprothésistes mobiles expliquent subir « des actions de désinformation et de dénigrement incroyablement agressives de la part de certains acteurs et professionnels de l’audioprothèse ».
L’entreprise n’en démord pas et « réfute toute accusation de fraude ». « Il ne s’agit pas de créer un service “dégradé” mais de faire évoluer les pratiques sans amoindrir la responsabilité de l’audioprothésiste, garant des conditions dans lesquelles il exerce », explique-t-elle, avant d’appeler à « un dialogue constructif ».
Le président du SDA, Brice Jantzem, a réagi dans un post sur les réseaux sociaux : « Tous les audioprothésistes de France sont favorables à la prise en charge des personnes dépendantes (pourquoi y seraient-ils opposés d’ailleurs ???) mais à une seule condition : mettre en place la réglementation AVANT de mettre en place la pratique ».