Depuis plusieurs mois, Les Audioprothésistes Mobiles (LAM) avait mauvaise presse. Le modèle de la société, spécialisée dans l'appareillage hors centre de patients malentendants ne pouvant se déplacer, était déjà contesté, notamment par le SDA. Mais l‘entreprise avait en outre été grandement fragilisée par une décision du conseil d'État, fin décembre 2023. Ce dernier avait rejeté un recours des Audioprothésistes Mobiles contre l’interdiction de l’exercice itinérant et l’encadrement strict des consultations de suivi à distance, dispositions prévues dans la convention conclue entre les syndicats de la profession et la Cnam.
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C’est dans ce contexte que Les Audioprothésistes Mobiles, créée par Gauthier Luc et Romain Verdier en 2017, a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Nantes, le 29 mai 2024.
Sur son site Internet, LAM a réagi à cette décision : « Notre entreprise a lutté depuis plusieurs mois pour conforter sa légitimité afin de pouvoir continuer son activité dans le cadre conventionnel. Elle a dû faire face à un contexte politico-économique difficile ainsi qu’à des contraintes temporelles et financières. » Dans les faits, plus la société a tenté de clamer sa légitimité, plus les voix se sont élevées contre ce modèle et leur lecture des textes réglementaires, en particulier le SDA. Pour le syndicat, il s’agissait ni plus ni moins d’une fraude. La stratégie de LAM, risquée, n’a pas payé.
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Le débat sur le fait d’autoriser l’appareillage des patients dépendants, sur leurs lieux de vie, reste néanmoins ouvert. L’expérimentation article 51 en cours dans le Nord, menée notamment par Christian Renard, devrait permettre d’évaluer la faisabilité d’un tel dispositif, et d’établir les garde-fous à dresser avant une éventuelle adoption dans le droit commun.