Les presbyacousiques, au cœur des préoccupations des autorités sanitaires et des sociétés savantes

La recommandation pour la pratique clinique, que viennent d’achever de rédiger la SFA et la SFORL, établit un document de référence sur la prise en charge des patients presbyacousiques. Un choix qui s’imposait d’évidence tant la surdité liée à l’âge constitue un enjeu de santé publique, ce que n’ont pas manqué de souligner l’Igas et l’IGÉSR dans leur rapport, paru en janvier.

Par Ludivine Aubin-Karpinski
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Sur l’impulsion de l’entrée en vigueur du 100 % Santé, la SFORL a initié en 2021 un travail d’élaboration de recommandation pour la pratique clinique sur le parcours de soins des patients presbyacousiques et l’a confié à la Société française d’audiologie. Il est désormais achevé et consultable sur le site de la SFORL. Il suit de peu la publication du rapport sur la filière auditive de l’Igas et l’IGÉSR. Le premier, auquel nous consacrons le dossier de notre numéro de mars (lire Coordonner le parcours des presbyacousiques), ambitionne d’établir un guide de bonnes pratiques, tenant compte des évolutions provoquées par la réforme, et servant de référentiel pour une prise en charge de qualité des patients presbyacousiques en 2022 ; le second pose les fondations de la filière auditive de demain (lire notre dossier paru dans AD21) et consacre six de ses trente recommandations au parcours de soins de ces patients, de la prévention et du dépistage à l’appareillage.

Convergence

Cette convergence des préoccupations des autorités sanitaires et des sociétés savantes de la filière auditive traduit la prise de conscience par la communauté scientifique internationale et les politiques du monde entier de l’importance d’un repérage et d’une prise en charge précoces de la surdité liée à l’âge. Le vieillissement de la population, la confirmation des liens entre audition et cognition, mais également dépression et dépendance, incitent à l’action. L’objectif de la réforme du 100 % Santé s’inscrit dans cette démarche de faire entrer dans le parcours de soins le plus de patients possible, le plus précocement possible avec la thérapeutique la plus adaptée possible.
C’est aussi l’ambition de la stratégie « Vieillir en bonne santé 2020-2022 » qui vise à instaurer un dépistage à trois moments clés de la vie : dès 40-45 ans, au moment de la pré-retraite et dès 70 ans, par une détection plus précoce des fragilités et des déficits sensoriels, selon la démarche Icope. C’est également l’un des pans du programme HEAR de l’OMS, qui plaide pour un repérage à toutes les étapes de la vie.

La « formalisation » du parcours de soins

Dans leur rapport, l’Igas et l’IGÉSR estiment que « les actions en matière de prévention et de dépistage sont encore limitées dans le domaine de la presbyacousie » et recommandent ainsi « en priorité de proposer à toute personne atteignant son 55e anniversaire de réaliser un test d’audition ». Elles jugent par ailleurs « imparfaite » la formalisation des parcours de soins des patients presbyacousiques. Le document établi par la SFA et la SFORL fournit à cela une première forme de réponse. Les « recommandations de bonne pratique » sont, selon la HAS, « des propositions développées méthodiquement pour aider le praticien et le patient à rechercher les soins les plus appropriés dans des circonstances cliniques données ». L'ouvrage a pour vocation de proposer aux professionnels de la filière des repères et des orientations en même temps que des pistes d’actions dans un but d’amélioration des pratiques. Ce travail de consensus vise in fine la définition d’un parcours de soins pertinent et de qualité.
Son élaboration, fruit d’un travail pluridisciplinaire, associant médecins ORL, gériatres, audioprothésistes et orthophonistes, reflète enfin la démarche holistique nécessaire pour appréhender la presbyacousie, dans tous ses aspects, auditifs et cognitifs, et où chacun doit connaître le rôle et les responsabilités de l’autre pour une meilleure prise en charge, tournée vers davantage de personnalisation.

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