Mieux connaître la variabilité individuelle de l’acouphène

Les 9 et 10 septembre, l’Association francophone des équipes pluridisciplinaires en acouphénologie (Afrépa) organisera à Bordeaux son 12e colloque. Présentation des grandes lignes du programme avec le Pr René Dauman, le Dr Damien Bonnard et Matthieu del Rio, membres du comité d’organisation de l’édition 2022.

Propos recueillis par Stéphane Davoine
Afrepa

Quelles sont les singularités de l’Afrépa et de son colloque ?

René Dauman : Depuis sa création, il y a plus de 15 ans, l’Afrépa s’est attachée à réunir annuellement les professionnels de santé qui s’occupent des patients atteints d’acouphènes. Ces équipes pluridisciplinaires ont recours à différents modèles pour venir en aide aux patients. L’Afrépa, ce sont aussi des chercheurs qui travaillent sur des questions plus fondamentales qui n’ont pas encore été suffisamment élucidées.

Matthieu del Rio : De cette multidisciplinarité naissent des synergies, et c’est aussi un aspect central du congrès avec ses ateliers multidisciplinaires, très recherchés par les participants. Cette année, nous attendons plus de 300 personnes. Il faut également noter la qualité des intervenants de cette édition, avec notamment des orateurs étrangers de haut niveau et qui s’expriment peu en France.

Pourquoi avoir choisi la variabilité de l’acouphène comme fil conducteur de la seconde journée ?

René Dauman : La variabilité est normalement considérée entre les individus, alors que nous l’examinerons pour les patients pris individuellement. C’est un aspect des acouphènes que l’on tend à minimiser car il nous met au défi. Le comité d’organisation du 12e colloque de l’Afrépa a ainsi souhaité mieux caractériser cette variabilité individuelle sur le plan clinique, mais aussi pour tenter d’en déduire des principes d’applications thérapeutiques. Les enseignants chercheurs français et étrangers qui participeront au colloque ont bien voulu organiser leur présentation en fonction de ce choix et nous les en remercions.

Damien Bonnard : C’est en effet une thématique originale et peu étudiée. La variabilité individuelle est très fréquente et quasiment aucun patient n’affirme avoir un acouphène invariable. Mieux comprendre cette variabilité est important pour aider le patient à étendre les périodes de moindre gêne.

Un des temps forts du colloque devrait être la table ronde sur l’indication de l’implant cochléaire pour certains cas d’acouphènes.

Damien Bonnard : oui, cette indication s’applique aux surdités unilatérales sévères ou profondes avec acouphènes très invalidants et pour lesquelles les stratégies habituelles sont en échec. Son remboursement depuis septembre 2021 par le système de soins français est une première mondiale (lire notre article Une nouvelle indication pour l'implant cochléaire).
C’est une indication très nouvelle, avec des équipes d’implants cochléaires peu sensibilisées à l’acouphène, et qui se retrouvent avec des patients habituellement pris en charge par des équipes qui sont, elles, dédiées à l’acouphène. Il y a donc un chevauchement de champs entraînant des craintes de part et d’autre et dont il fallait débattre dans ce colloque.

Qu’en est-il de l’étude multicentrique de l’Afrépa sur l’appareillage du sujet acouphénique dont la surdité ne permet pas sa prise en charge par le système de soins ?

Matthieu del Rio : Un point sera fait par Marie-José Fraysse. Cette étude en double aveugle a débuté en mai 2021. Elle implique sept centres et devrait inclure plus d’une centaine de patients. Selon les résultats, elle devra contribuer à une meilleure reconnaissance par les pouvoirs publics de ces patients et des bénéfices que ces derniers peuvent attendre de l’amplification ou d’une stratégie d’enrichissement sonore (lire notre article La thérapie sonore à l’étude pour les surdités légères avec acouphènes invalidants).

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