Pour Aurélien Rousseau, « l’avenir du système de santé reposera sur le décloisonnement »

Invités le 12 septembre à la journée d’échanges organisée par les Libéraux de Santé pour « Repenser le pacte conventionnel pour garantir le pacte social de l’accès aux soins », les ministres Aurélien Rousseau et Agnès Firmin Le Bodo étaient au rendez-vous. Tous deux ont rappelé leur attachement au système conventionnel et leur conviction de l’absolue nécessité de faire bouger les lignes en matière de partage des compétences pour répondre à la problématique d’accès aux soins.

Par Ludivine Aubin-Karpinski
LdS collage web
(En haut) Le ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, et Sébastien Guérard, président de l'UNPS ; Thomas Fatôme, directeur de la Cnam. (en bas) Marie Daudé, directrice générale de l'offre de soins, aux côtés de François Blanchecotte, président du SDBio ; Sébastien Guérard, Agnès Firmin Le Bodo, ministre de l'Organisation territoriale et des Professions de santé, Mélanie Odrines, présidente du SNAO, et Luis Godinho, vice-président du SDA.

À peine deux ans après sa création, l’intersyndicale des Libéraux de Santé (LdS) montre sa capacité à mobiliser les ténors politiques de la santé. Lors de sa journée de rentrée, organisée le 12 septembre, deux ministres, Agnès Firmin Le Bodo et Aurélien Rousseau, et deux directeurs, Marie Daudé (DGOS) et Thomas Fatôme (Cnam), sont venus échanger sur le pacte conventionnel liant les syndicats des professionnels de santé libéraux à l'Assurance maladie. Pour Sébastien Guérard, président de la FFMKR qui vient de prendre la tête de l’Union nationale des professionnels de santé (UNPS), « un changement de cap est nécessaire sur le plan organisationnel, économique, conventionnel misant sur les soins de ville. Pour accélérer leur transformation, il faut en premier lieu moderniser le système conventionnel figé sur des textes qui datent pour certains de plus de 50 ans. » À cette occasion, le ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau a rappelé son « attachement » au système conventionnel, « le meilleur outil pour absorber les difficultés qui sont devant nous pour quelques années ». Selon lui, les accords conventionnels ne sont plus seulement « tarifaires », « ils sont là pour faire bouger les lignes ». Et notamment celles existant entre les professions de santé.

Coopération interprofessionnelle et partage des compétences

La question du partage des compétences a en effet été abordée à maintes reprises lors de la journée d’échanges. Face à des libéraux prêts à travailler sur les périmètres des métiers, Aurélien Rousseau s’est dit « convaincu que l’avenir du système de santé reposera sur le décloisonnement », pour améliorer l’accès aux soins dans un contexte de pénurie de professionnels, mais également pour répondre au défaut d’attractivité de ces professions. Et de citer en exemple « le boulot fait » entre les ophtalmologistes et les orthoptistes, qui « témoigne de la modernité et maturité d’un secteur que d’autres pourraient lui envier ».

Un constat partagé par Agnès Firmin Le Bodo, qui reconnaît que les professionnels « n’ont pas attendu de décisions qui viennent d’en haut pour travailler ensemble dans les territoires », mais se montre plus dubitative sur leur capacité à se mettre d’accord sur le papier… Si la transformation des métiers est pour la ministre de l'Organisation territoriale et des Professions de santé une « absolue nécessité », « il faut reconnaître les compétences de chacun avant de songer à les élargir ». Néanmoins, vingt délégations de compétences sont prêtes, a-t-elle précisé, avant de « renvoyer la balle » aux professions de santé : « Nous serons réceptifs à vos propositions ».

Trois piliers pour améliorer l’accès aux soins

Marie Daudé, directrice générale de l’offre de soins, a quant à elle identifié trois leviers, « à actionner en même temps », pour répondre à la problématique d’accès aux soins. Le premier, démographique, avec notamment la fin du numerus clausus – « on essaie de faire les choses plus intelligemment qu’avant ». À l'automne, l’ONDPS devrait livrer des objectifs et projections y compris concernant les professions paramédicales pour déterminer les besoins en fonction des territoires. Un travail sur la formation initiale et continue et une meilleure répartition géographique des offreurs de soins ont également été évoqués. Deuxième et troisième piliers : l’organisation des soins avec le renforcement de l’exercice coordonné et l’évolution des prises en charge avec l’élargissement des compétences de certains professionnels et l’accès direct. Et de conclure : « Tout cela fait partie de ce nouveau panorama qui doit à la fois dégager du temps médical et s’appuyer sur l’ensemble des acteurs de santé ».

Philippe Besset, président de la FSPF, nouvellement élu à la tête des LdS, a indiqué à ce sujet que les libéraux seront « soutiens de la négociation avec les médecins » : « Les Français ont besoin d’une médecine générale qui a les moyens de prendre en charge les patients. Si cette négociation n’aboutit pas, il n’y aucune chance pour que les médecins soient au rendez-vous du partage des compétences. »

Une meilleure « visibilité » des audioprothésistes

Luis Godinho, vice-président du SDA et des LdS, qui intervenait à l’occasion de la dernière table de la journée sur le thème « Assurance maladie, complémentaires, patients : qui finance quoi et comment ? », s’est félicité de voir « que les audioprothésistes font aujourd’hui pleinement partie des professionnels de santé. Il faut se rappeler d’où l’on vient. Il y a dix ans, nous étions ostracisés, y compris par les autres professions de santé. Si beaucoup reste à faire, beaucoup a été fait. Nous espérons que cette visibilité que nous avons auprès du ministre de la Santé et de ses services et les anomalies de notre secteur, révélées encore par le reportage récent d’Envoyé Spécial ou le rapport Charges et Produits, poussent vers davantage de régulation. C’est par là qu’il faut commencer. »

Newsletter

Newsletter

La newsletter Audiologie Demain,

le plus sûr moyen de ne jamais rater les infos essentielles de votre secteur...

Je m'inscris