Les travaux portant sur la recherche de traitements pharmaceutiques de la surdité sont en plein essor (lire notre article Dans les pipelines des labos pharmas). L’une des pistes explorées est la régénération des cellules ciliées (CC). Des chercheurs de la Massachusetts eye and ear infirmary (États-Unis) ont découvert1 qu’il était possible de réactiver la machinerie cellulaire permettant aux cellules de soutien (CS) de se différencier en CC, en réactivant deux protéines MYC et NOTCH1. Ainsi, les CS redeviennent sensibles au facteur de transcription Atoh1 et peuvent subir une différenciation. Ces manipulations mènent à la prolifération de cellules dotées de certaines propriétés des cellules ciliées, comme les canaux de transduction ou encore la capacité de se connecter aux neurones du ganglion spiral.
L'avis de Brigitte Malgrange2
« Ces travaux montrent pour la première fois qu’un traitement pharmacologique permettrait d’obtenir de nouvelles cellules ciliées dans la cochlée des mammifères adultes et donc de l’homme. Ceci ouvre la voie de la régénération cochléaire humaine. De plus, ces nouvelles cellules ciliées sont formées au bon endroit et surtout elles semblent établir des contacts privilégiés avec les neurones du ganglion spiral. Ceci est fondamental dans la perspective d’une restauration de l’audition. En effet, il ne suffit pas d’avoir de nouvelles cellules ciliées pour entendre, mais celles-ci doivent établir des synapses avec les neurones de la cochlée, qui transmettront l’information sonore au cerveau et permettront d’avoir une audition correcte. Dès lors, le traitement par une combinaison de molécules (un activateur de la voie Notch et un activateur de la voie Wnt) induisant une prolifération cellulaire sur une fenêtre de temps bien déterminée, suivie de l’induction de différentiation en cellules ciliées (par l’inhibition de la voie Notch ou l’induction de l’expression d’Atoh1) ouvre une voie prometteuse pour la restauration de l’audition chez les sujets adultes ou vieillissants. »