« La HAS et le monde de l’audiologie doivent s’irriguer mutuellement »
Le Pr Collet a ensuite adressé un message aux professionnels du secteur et livré le mode d’emploi pour saisir l’instance qu'il préside. « Si la question [de la délégation de l’audiométrie diagnostique aux audioprothésistes] arrive, ce sera la HAS qui sera amenée à l’évaluer. Le ministre ne pourra pas modifier l’arrêté de 1962 qui réserve cet acte aux médecins, s’il n’y a pas, à un moment donné, un avis de la HAS pour dire qui peut ou non le pratiquer. »
De même, il a rappelé l’absence de recommandations de bonnes pratiques concernant l'appareillage auditif et clairement invité la profession à saisir la HAS pour combler cette lacune : « À vous d’être exigeants sur la qualité et de demander à la HAS d’évaluer cette qualité. Et la HAS le fera, soit parce que vous allez la saisir, soit parce que nous allons nous autosaisir. S’il y a des souhaits, il suffit qu'une société savante nous le demande, nous l’examinerons. » (Lire notre Entretien avec le Pr Lionel Collet)
« La création d’un ordre des audioprothésistes est une nécessité »
Lors de son intervention au congrès, il a donné son avis sur les sujets qui agitent le secteur, en premier lieu la fraude, « un souci majeur », « un coup dur pour l'image de [la] profession ». « L'idée de la création d'un ordre des audioprothésistes n’est pas juste une proposition parmi d’autres, a déclaré le député. C'est une nécessité, je pense, pour concrétiser cette vision [garantir qualité et crédibilité]. »
Autre sujet « crucial », la délégation de tâches. « Les médecins ORL sont débordés réduisant le temps disponible pour les nombreux patients. Dans ce contexte, votre rôle peut et doit s'étendre, a estimé le député. En prenant en charge certaines tâches comme des bilans auditifs, nous pouvons libérer du temps médical précieux. Ce n'est pas seulement une question d'efficacité, c’est aussi une question de qualité de soins : en intervenant plus tôt et plus fréquemment, nous pouvons jouer un rôle actif dans la prévention et dans la gestion plus immédiate des problèmes auditifs, évitant ainsi la dégradation qui deviendrait plus coûteuse et plus difficile à traiter. 74 ans d’âge moyen pour un premier appareillage, c’est trop tard ! »
Focus sur le premier Baromètre de la distribution en audioprothèse
Il ne fallait manquer aucune session de cette 44e édition mais la table ronde organisée par le SDA sur l’accès aux soins en présence de Julie Pougheon, de la DGOS, et la Dr Sophie Kelley, de la Cnam, était incontournable tant elle a réservé d’annonces majeures pour le secteur (lire notre article La DGOS fait plusieurs annonces choc pour le secteur de l’audio).
Des stands récompensés
À la deuxième place : Audition Conseil et son stand reproduisant un laboratoire pour une expérience 100 % immersive (en photo : Jorge Dos Santos Neves, nouveau directeur général du groupe Audition Conseil, et Sylvie Sabatucci, directrice du réseau).
La troisième place a été attribuée au stand de Biotone-Rexton et remis à sa responsable marketing, Aurélie Baudoin.
Parcours de soins : vers une expérimentation dans les zones sous-denses
Le groupe de travail constitué du CNP d’ORL, du Synea, du SDA et du CNA s’est penché sur ce défi organisationnel et défini une population-cible – les patients de plus de 60 ans suspects de presbyacousie – et un périmètre – les déserts médicaux –, autrement dit les patients résidant à plus d’une heure d’un ORL ou devant attendre plus de 6 mois pour un rendez-vous avec un spécialiste. Un parcours de soin spécifique, dérogatoire à la réglementation actuelle, est en cours d’élaboration pour ce public, qui mêlerait délégation de tâche et téléaudiologie. « Un accès au parcours de soin par l’intermédiaire de l’audioprothésiste est envisageable », a expliqué l’ORL nancéienne, tandis que Brice Jantzem a précisé : « Les consultations seront basées sur la téléconsultation des ORL à distance et sur la base d’un audiogramme qui pourrait être réalisé par un audioprothésiste », mais avec « le médecin traitant toujours au cœur du parcours de soin », a insisté la Pr Parietti-Winkler.
Malgré l’insistance de notre directrice de la rédaction, l’ORL n’a pas fourni davantage de détails sur ce dispositif, ni de calendrier, rappelant qu’il y aurait des garde-fous, comme la rédaction d’une charte qualité, des comités de suivi loco-régionaux, etc. Une fois le protocole finalisé, une demande d’article 51 sera déposée.
La table ronde, qui s’est déroulée dans une ambiance parfois tendue, s’est terminée sur les propos consensuels et apaisés de Guillaume Joucla, qui s’est réjoui de la constitution de cet article 51 : « Nous sommes tous d’accord sur le constat : il y a une problématique dans certains territoires. »