La France cultive un système unique au monde en matière de couverture des soins, s’appuyant à la fois sur l’Assurance maladie obligatoire et sur des organismes complémentaires. Depuis une vingtaine d’années, les gouvernements successifs ont peu à peu recentré les remboursements de la première sur les affections de longue durée et les soins hospitaliers, la désengageant des « petits risques », comme les soins dentaires, optiques et audios, pour les « transférer » aux complémentaires santé. Ces acteurs couvrent aujourd’hui environ 13 % des dépenses de santé. Mais, s’ils ont plutôt bien remboursé l’optique, ce n’est pas le cas des aides auditives. En effet, ces organismes privés, soumis à des logiques de marché, ont vite constaté qu’il n’était pas dans leur intérêt de couvrir ce type de risque : les patients malentendants sont majoritairement âgés et souvent polypathologiques, ils consomment davantage de soins que les normo-entendants à âge égal et les soins auditifs sont coûteux.
C'est la raison de la faiblesse des remboursements AMO et AMC en ce qui concerne l'audioprothèse et qui a conduit, en France, à un reste à charge d’environ 1 000 € par oreille, tout à fait singulier en Europe de l’Ouest… et au renoncement aux soins que l’on connaissait. Jusqu’à ce que les pouvoirs publics s’emparent du problème et instaurent le 100 % Santé, obligeant les complémentaires à rembourser les aides auditives. Tout du moins celles de classe I. Il faut aller plus loin. Trois améliorations sont aujourd’hui prioritaires : des négociations nationales entre complémentaires et syndicats, l’universalisation du tiers payant pour la classe I comme pour la classe II et l’alignement a minima du remboursement de la classe II sur celui de la classe I. La couverture des soins audioprothétiques s’accommode difficilement d’un système concurrentiel : les remboursements des produits du panier libre doivent être régulés par les pouvoirs publics.