VIB-06d1.jpg)
« Pour les personnes sourdes ou malentendantes, pour les générations actuelles et à venir, l’inauguration de l’Institut de l’audition est un grand jour », s’est réjoui Jean-Pierre Meyers, fondateur de la Fondation pour l’audition. Ce 27 février, l’Institut Pasteur, l’Inserm et la Fondation pour l’audition ont ensemble porté l'Institut sur les fonts baptismaux, en présence de sa directrice, la Pr Christine Petit. Une "cérémonie" empreinte d'émotion, tant la naissance de cet institut dédié à l'audition est un événement historique, porteur d'espoirs pour l'avenir. Les sentiments étaient également à la satisfaction de voir enfin se concrétiser un projet initié de longue date. C’est en effet en 2013 que le bâtiment a été acquis par la ville de Paris, « car notre mission est de permettre à tous de trouver une place dans notre ville, quels que soient son milieu social, son genre ou son état de santé », a rappelé Jean-Louis Missika, adjoint à la maire de Paris Anne Hidalgo.
« L’Institut de l’audition est né d’une intuition et d’une volonté, celle de Françoise Bettencourt Meyers de se saisir d’une cause de santé publique », a rappelé Benoît Péricard, qui a pris la succession de Karine Rossignol à la direction de la Fondation pour l’audition, en janvier dernier. C’est sous l’impulsion du couple Meyers grâce à « un partenariat exceptionnel et fondateur entre l’Institut Pasteur et la Fondation pour l'audition », selon les mots de Stewart Cole, directeur du premier, que cet Institut voit aujourd’hui le jour.
Une « filière d’excellence »
L’inauguration s’est déroulée sous les meilleurs auspices avec la présence de personnalités éminentes, parmi lesquelles le premier ministre Édouard Philippe, Frédérique Vidal, ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, et Sophie Cluzel, secrétaire d’État chargée des personnes handicapées. « C’est un signal fort adressé aux équipes scientifiques qui vont se mobiliser ici, mais aussi d’une façon plus large, à tous ceux qui portent et nous aideront à porter la cause de la surdité et de la malentendance », a souligné Jean-Pierre Meyers. Dans un discours d’abord facétieux puis plus sérieux, le Premier ministre a tenu à rappeler l’attention portée par le Gouvernement à la santé auditive et ses réformes en faveur de l’accès à l’appareillage. Puis, il s’est réjoui de « la forte intrication à l’oeuvre dans l’Institut de l’audition, entre privé et public, entre recherche et industrie, entre ancrage français et vocation internationale » et des ambitions de ce nouveau centre de recherche. « Avec l’Institut de l’audition, nous avons la chance de pouvoir bâtir une filière d’excellence dans un domaine en pleine expansion, en nous appuyant sur les travaux de Christine Petit et des équipes de chercheurs qui l’accompagnent », a-t-il ajouté.
Dans les pas de Louis Pasteur
L’Institut de l'audition rassemblera quelques-uns des meilleurs chercheurs en audiologie et en neurosciences, dont le but sera notamment de trouver des solutions cliniques pour les patients (voir encadré). Car l’Institut de l'audition n’est pas uniquement un centre de recherche fondamentale. Il s’agit en effet d’une extension de l’Institut Pasteur et, à ce titre, il respecte la vocation translationnelle de Louis Pasteur, de la recherche fondamentale au patient. C’est notamment cet aspect que le Premier ministre a mis en exergue. « Quand on prononce le nom de Pasteur, on suscite au fond, deux types de réactions : une immense fierté pour nous, Français. Et un immense espoir : celui de voir ses équipes effectuer une de ces percées qui permet de faire reculer une maladie ou un handicap. Il s’agit aujourd’hui des maladies de l’audition, une des causes majeures de perte d’autonomie. » Des propos qui font écho à ceux du directeur de l’Institut Pasteur : « L’Institut de l’audition s’inscrit dans l’héritage de Louis Pasteur dont les travaux scientifiques ont su répondre aux défis de santé publique de son époque tout en repoussant les limites de la connaissance. »
Une mixité de compétences
« L’objectif de l’Institut est de promouvoir une approche intégrative et translationnelle des neurosciences de l’audition et de développer des méthodes innovantes de diagnostic et de traitement, préventif et curatif, des atteintes auditives », a expliqué la Pr Christine Petit. Pour remplir cette mission, les chercheurs disposent maintenant d’un outil de choix. Plus de 4 000 m² de laboratoires et bureaux flambants neufs (voir encadré), dans une ambiance sobre et moderne. Si l’on compte, parmi les chercheurs de l’institut, de nombreux membres du laboratoire de Christine Petit, comme Brice Bathellier, Nicolas Michalski, Aziz El Amraoui, Saaid Safieddine, Didier Dulon… plusieurs recrues viennent renforcer ces rangs : Paul Avan, Hung Thai-Van, Luc Arnal, Diane Lazard, Jérémie Barral, Raphaël Étournay... Ce centre de recherche s’appuie sur l’association inédite de cliniciens, chercheurs fondamentaux, neuroscientifiques, physiciens, physiologistes, généticiens…
Un décloisonnement et une interdisciplinarité inscrits dès l’origine dans l’ADN de l’Institut. Et pour cause, l’une des ambitions de l’IDA est de « produire une connaissance multiniveaux du fonctionnement global du système auditif, de la périphérie aux centres, a commenté Christine Petit, lors de l’inauguration. Ces échanges sont essentiels pour le développement d’authentiques innovations diagnostiques et thérapeutiques des atteintes auditives. »
« Intelligence collective »
La création de l’Institut donne corps à la recherche en audition et établit les bases sur lesquelles vont être réalisées les futures avancées dans ce domaine. Elle offre également un médium pour la diffusion des connaissances auprès de la communauté scientifique internationale, médicale et paramédicale, mais également du grand public.
« Dans la création de l’Institut de l’audition, je vois un certain nombre de très belles inspirations : l’intelligence collective, la ténacité, l’espoir et, bien sûr, la générosité, a souligné Edouard Philippe. Elles se traduiront, dans quelques années, par des actions vraiment grandes. Celles qui consistent à guérir ou à aider des centaines de millions de patients, à faire reculer la souffrance, l’isolement grâce au progrès humain. L’idée qui est de changer en mieux la vie de nos concitoyens mérite que l’on se batte pour elle. »
