Les recommandations des missions Igas et IGÉSR restent rarement lettres mortes. Le travail mené sur la filière auditive, publié en janvier 2022, et notamment concernant la formation des audioprothésistes, semble en effet servir de feuille de route à la Direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP), en charge avec la DGOS de la tant attendue réingénierie.
Invité à intervenir en visio à l’occasion du 26e EPU en audioprothèse, François Couraud, conseiller scientifique et pédagogique de la DGESIP, a annoncé que cette dernière allait démarrer très prochainement, après un léger retard à l'allumage. « La formation actuelle repose sur un texte réglementaire datant de 2001, a-t-il commenté. Depuis, beaucoup de choses ont changé dans l’exercice de votre profession. Il est absolument indispensable de restructurer cette formation. Nous avons la volonté d’engager ces travaux très rapidement. »Référentiel et grade licence
Ils doivent permettre d'établir un référentiel de compétences tenant compte des évolutions de l’exercice. Ils associeront universitaires et formateurs regroupés dans le Collège national d’audioprothèse. Ces derniers ont pris les devants en créant en novembre une instance les réunissant – le Conseil des centres de formation des universités françaises en audioprothèse (CCFUA) – et en rédigeant des propositions pour l'étude et la création d'une nouvelle maquette de formation universitaire en audioprothèse, ce dont s’est réjoui François Couraud. « Ce travail ne partira pas d'une page blanche ; il permettra d’aller vite dans la réingénierie de cette formation », a-t-il indiqué, en ajoutant que le groupe de travail compterait également des représentants des étudiants.
Une fois le référentiel construit, le grade licence sera automatiquement reconnu au diplôme d’État.
Masters spécialisés et filière espagnole
Le conseiller de la DGESIP a également annoncé l’accréditation d’une dixième école pour la rentrée 2023 à Clermont-Ferrand et évoqué la recommandation – « pas très précise » – des inspections générales de « réfléchir à des masters spécialisés ouverts aux diplômés, une fois le grade licence acquis ». « Faut-il s’orienter vers une spécialisation ou vers une forme de pratique avancée », accordant « un niveau de responsabilité plus élevé, une autonomie plus importante par rapport aux médecins ORL ? », a interrogé François Couraud.
Les professionnels réunis à l’EPU n’ont pas manqué de saisir l’opportunité de questionner en direct un membre du ministère de l’Enseignement supérieur sur la problématique de la filière espagnole. Interpellé sur ce sujet par Luis Godinho, vice-président du SDA, le conseiller de la DGESIP a désigné les commissions régionales d’autorisation d’exercice comme étant, de son point de vue, le « point décisif dans ce problème ». « Si les diplômés de ces formations espagnoles n’ont pas acquis l’ensemble des compétences exigées, on ne devrait pas les autoriser à exercer », a-t-il déclaré simplement.