OTC : risque ou avancée pour la santé auditive ?

La prise en charge des troubles de l’audition est un enjeu de santé publique majeur en raison de leur fréquence et des conséquences neurocognitives et sociales. L’OMS dans son rapport 2021 engage les États membres à construire des politiques de prévention, de diagnostic et de réhabilitation qui facilitent un accès équitable pour tous à l’ensemble de ces technologies tout au long de la vie, en tenant compte bien sûr des niveaux économiques de chaque pays et des ressources humaines compétentes dans ce domaine. La France a répondu en mettant en place le 100 % Santé et en maintenant les prothèses auditives dans le champ des dispositifs médicaux nécessitant obligatoirement une prescription médicale. Le Royaume-Uni a proposé des recommandations concernant le parcours des soins qui tiennent compte de la complexité de la pathologie centrée sur le médecin généraliste avec une prise en charge totale par le NHS de prothèses équivalentes aux classe I. Les États-Unis ont mis en place en 2017 l’Over The Counter Act permettant une mise en vente libre des prothèses auditives sans implication des professionnels de santé. L’argument étant que le bénéfice d’un accès direct à la prothèse auditive augmentant le nombre de patients appareillés est supérieur au risque de négliger des situations spécifiques justifiant un traitement médical ou chirurgical. La France a fait un choix opposé, ce qui engage la responsabilité de chacun. Pour réussir cette réforme, un certain nombre de conditions sont nécessaires, et notamment adapter la prescription aux besoins réels des malades – c’est le rôle du prescripteur –, et renforcer les niveaux de preuve démontrant l’importance du suivi par l’audioprothésiste.