23 Mai 2023

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Des MG difficiles à remplacer

Qu’elles viennent de la Drees, du cabinet d’études Veltys pour le Synea/Synam ou autres, les données sont sans équivoque : les ORL ne sont pas assez nombreux. Une pénurie d’autant plus criante dans certaines régions où il sera difficile de se passer des MG pour la primo-prescription des aides auditives.

Par Bruno Scala

Pas assez d'ORL

En France, on compte 2 556 ORL, selon les statistiques du Conseil national de l’ordre des médecins*. Cela représente une moyenne de 3,1 ORL pour 100 000 habitants (contre 4,43 selon la Drees). À titre de comparaison, on compte 5,9 ophtalmologues pour 100 000 habitants, alors que ces spécialistes ne sont pas connus pour être les plus disponibles – leur patientèle est toutefois plus vaste.

Certains départements pâtissent d’une offre de soins critique : en Creuse, le Cnom ne recensait aucun ORL au 1er janvier 2022 (on en compte aujourd’hui un, lire notre article L'audiologie au porte du désert). Dans l’Orne et dans la Meuse, il y a 1,1 ORL pour 100 000 habitants, soit respectivement 3 et 2 ORL pour chaque département. Au total, 22 départements (dont 18 métropolitains) ne disposent pas de plus de 2 ORL pour 100 000 habitants. Ce faible contingent de médecins ORL, couplé à une disparité territoriale, engendre des difficultés d’accès exacerbées dans certaines zones. Une étude réalisée par le cabinet Veltys, à la demande et avec les données du Synea et du Synam, montre que dans certains territoires sous-dotés, il faut 60 minutes en voiture pour atteindre l’ORL le plus proche.

*Selon la Drees, on en compte 2 996, mais la méthode est différente : tandis que la Drees compte le nombre de numéros Adeli, le Cnom recense les médecins inscrits au tableau, et donc réellement en activité.

Des difficultés d'accès aux ORL

Ce faible contingent de médecins ORL, couplé à une disparité territoriale, engendre des difficultés d’accès exacerbées dans certaines zones. Une étude réalisée par le cabinet Veltys, à la demande et avec les données du Synea et du Synam, montre que dans certains territoires sous-dotés, il faut 60 minutes en voiture pour atteindre l’ORL le plus proche.

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52,9

C’est l’âge moyen des ORL, selon la Drees. La pyramide des âges montre par ailleurs une forte proportion d’ORL dans les tranches d’âge élevées : quasiment deux ORL sur cinq ont 60 ans ou plus.

Les seniors peinent à se déplacer

Ces temps de trajet pour accéder à un ORL sont problématiques. En effet, selon une étude réalisée en 2014 par le cabinet Auxilia pour Le Laboratoire de la mobilité inclusive* sur la mobilité des personnes âgées, une proportion non négligeable des plus de 60 ans sont gênés pour se déplacer, notamment pour conduire. Cette étude indique que pour 3 % des personnes interrogées, les difficultés de transport ont eu pour effet un renoncement aux soins.

*Le Laboratoire de la mobilité inclusive est un think tank composé de différentes organisations, publiques ou privées, comme l’Ademe, La Fondation TotalEnergies, la Fondation Agir Contre l’Exclusion, la Macif...

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20 % des primo-prescriptions signées d’un MG

Les MG étaient, lorsqu’ils pouvaient encore le faire, les auteurs d’une part importante de primo-prescriptions. Selon les données du Synam et du Synea (300 000 primoprescriptions entre janvier 2021 et septembre 2022), ils en ont signé environ 20 %. Des chiffres à peu près en accord avec ceux rapportés par la mission Igas/IGÉSR, de 25 % de primo-prescriptions réalisées par des non-ORL en 2018. Mais comme pour la densité des professionnels de santé, ils cachent une forte disparité. Dans certaines zones, ce sont plus de 40 voire plus de 60 % des primo-prescriptions qui sont réalisées par les MG. Les zones où au moins 30 % des primo-prescriptions sont faites par des MG rassemblent 12 % de la population.

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14 min

Pour une grande majorité de la population, le temps de trajet en voiture pour atteindre un médecin généraliste n’excède pas 14 minutes, toujours selon l’étude réalisée par le cabinet Veltys pour le Synea et le Synam.

15 ans

C'est l'écart constaté dans l'accès aux soins auditifs entre les personnes plus aisées – qui se soignent plus tôt – et les moins aisées (étude Amplifon, 2023).

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