Alors que les associations de patients ont renouvelé auprès de la HAS et de la Cnam leur souhait de mieux valoriser les consultations médicales dédiées à la prise en charge des acouphènes, plusieurs constatations s’imposent.
La première est qu’il est illusoire d’espérer une amélioration de cette prise en charge si des mesures incitatives ne sont pas mises en place pour permettre aux ORL de mieux s’occuper des pathologies auditives complexes. L’acouphène en est une, et les associations de patients qui l’ont bien compris mènent un combat légitime. À l’évidence, une consultation de 20 minutes ne suffit pas lors d’un premier rendez-vous.
La seconde est que la visibilité des professionnels de l’audition spécialisés en acouphènes est encore insuffisante, et ce malgré le puissant travail de recensement et de maillage des compétences que l’Afrépa a effectué ces dernières années. Les patients nous disent tous les jours combien il a été difficile pour eux d’être correctement orientés. Peut-on se satisfaire de les voir pris en charge par une équipe spécialisée plusieurs années après le début de leurs symptômes, parfois au prix d’une aggravation de ces derniers ? Améliorer la visibilité des spécialistes des acouphènes pourrait passer par l’obtention de diplômes spécifiques et/ou la modification des parcours de formation existants. Ne le devons-nous pas à nos patients ?
La troisième est que le diagnostic des pathologies auditives complexes par le praticien libéral reste entravé par l’absence d’évaluation objective de la fonction endocochléaire en consultation de routine. Cette évaluation est pourtant indispensable pour répondre à la question de l’origine topographique des acouphènes. Pourquoi n’est-elle pas réalisée en dehors des centres hospitaliers experts, alors que nombre d’explorations neuro-radiologiques ne permettant pas de répondre à cette question centrale le sont ? Si la CCAM reconnaît depuis 2005 la pratique des otoémissions acoustiques, l’acte n’a toujours pas de tarification chez l’adulte en dépit de l’investissement qu’il nécessite. En synergie avec son Conseil National Professionnel, c’est naturellement qu’un groupe de travail de la SFORL s’est constitué pour documenter la nécessité d’y remédier.