Partisan du moindre effort

L’effort d’écoute n’est pas une fatalité. Il existe des solutions pour le diminuer et ainsi faciliter la vie des malentendants, notamment du côté des appareils auditifs. Il s’agit d’un enjeu crucial étant donné les liens probable entre effort d’écoute et cognition.

Par Bruno Scala
cerveau curseur modulateur minimum

L’effort d’écoute est l’une des hypothèses qui peuvent expliquer le lien entre audition et cognition : des ressources cognitives sont consacrées à l’écoute et ne sont donc pas allouées à d’autres tâches, ce qui entraîne de la fatigue et probablement un déclin cognitif. À ce titre, il est important de déployer des stratégies pour le réduire chez les personnes malentendantes. S’agissant d’un phénomène multifactoriel, il est possible d’agir à plusieurs niveaux.

Améliorer le signal et le RSB

Les aides auditives et implants ont une influence sur certains de ces facteurs : ils améliorent le signal de parole, mais peuvent aussi atténuer les difficultés de l’environnement acoustique. Si l’amplification seule ne semble pas permettre de réduire l’effort d’écoute, la réduction du bruit a fait ses preuves. « Nous avons pu montrer qu’un réducteur de bruit à action rapide combiné à un système de réponse à variance minimum sans distorsion (MVDR), réduit l'effort investi pour la reconnaissance vocale. Cet avantage apporté par le réducteur de bruit a été observé même pour des RSB élevés, où les SRT restent stables1 », rapporte Dorothea Wendt, chercheuse au Centre de recherche Eriksholm d'Oticon. Le fabricant danois est d'ailleurs précurseur dans la prise en compte de l'effort d'écoute et plus globalement du fonctionnement du cerveau, dans la conception de ses produits. Les technologies qui découlent de cette approche, baptisée BrainHearing, ont été intégrées aux dernières plates-formes de la marque.

Autre constat intéressant, l’utilisation d’un réducteur de bruit dans l'étude de Dorothea Wendt permet de « décaler » le seuil d’abandon de l’auditeur, à partir duquel il juge que le défi est trop élevé et qu’il ne vaut plus la peine d’être relevé. Ainsi, ces stratégies permettent non seulement de diminuer l’effort d’écoute pendant une tâche de compréhension de la parole dans le bruit, mais aussi de maintenir l'auditeur engagé dans cette tâche, même à des RSB faibles.

Les technologies visant globalement à améliorer le RSB, que ce soit en atténuant le bruit, en améliorant le signal de parole, en augmentant les contrastes entre les deux, s’avèrent efficaces dans la lutte contre l’effort d’écoute. Par exemple, Phonak a récemment montré que deux des technologies intégrées au système d’exploitation AutoSense OS 4.0, embarqué dans les nouvelles aides auditives Paradise, sont bénéfiques : la technologie Speech enhancer y parvient surtout quand le signal de parole est éloigné, tandis que plus l’algorithme Dynamic noise cancellation est activé, plus l’effort d’écoute diminue2.

Transmission directe

Améliorer la qualité du signal permet aussi de réduire l’effort d’écoute. C’est ce qu’ont montré les équipes d’Eriksholm sur des systèmes à conduction osseuse. « En collaboration avec Oticon Medical, nous avons mené une étude3 afin d'évaluer l'effort d'écoute chez des personnes utilisant des solutions auditives à ancrage osseux, comme le système Ponto, rapporte Dorothea Wendt. Nous avons montré que la capacité de mémorisation des mots – qui est un bon indicateur de la charge cognitive allouée au traitement du signal – était significativement plus élevée quand le Ponto était fixé avec un pilier (transmission directe, 52 %) – plutôt qu’avec un bandeau souple (transmission cutanée, 46 %). Dans une autre étude4, nous avons montré qu'un processeur de son avec une puissance de sortie maximum plus élevée et un traitement du signal plus avancé peut reproduire une plus grande gamme de niveaux sonores quotidiens avec moins de distorsions, ce qui diminue l’effort d’écoute. »

Rééducation orthophonique

Le rôle de l’orthophoniste est également primordial, en complément de l’appareillage, pour réduire la charge cognitive allouée à l’écoute. À cette fin, le malentendant va notamment s’entraîner à la lecture labiale5 et à développer des suppléances mentales ou encore suivre des entraînements auditif et cognitif.

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