La parenthèse Covid

L’espace de deux mois, le secteur de l’audiologie a vécu, comme le reste du monde, au rythme de l’épidémie. Après la sidération et la confusion des premiers jours, les professionnels de la santé auditive se sont mobilisés pour maintenir une permanence des soins pendant le confinement. Retours sur les faits marquants de cette période inédite.

Par Ludivine Aubin-Karpinski
Les audioprothesistes ont maintenu des permanences pour les soins urgents2
A gauche : Yannick Durand, audioprothésiste Audition Conseil à Bruz - A droite : L’équipe du service ORL - Centre de réglage des implants cochléaires de l’hôpital Rothschild à Paris.

Les relations entre bien entendre et bien vivre n’auront jamais eu autant de sens que pendant cette crise sanitaire. Bien entendre est primordial quand le seul moyen de rester en contact avec ses proches passe par le téléphone, quand le seul moyen d’être relié au monde est la télévision ou la radio et que chaque information compte. Dans cette crise, les professionnels de santé se sont trouvés en première ligne. Parmi eux, de nombreux ORL, audioprothésistes et orthophonistes ont continué à prodiguer des soins à leurs patients. Certains médecins ont même renforcé les rangs auprès des patients Covid+...

Des directives contradictoires

Et ce, malgré des directives contradictoires. En effet, l’allocution d’Édouard Philippe, le 14 mars, annonçant la fermeture des lieux publics « non indispensables », mais indiquant que « tous les services essentiels resteraient ouverts » a plongé les professionnels dans le désarroi. La Direction générale de la santé recommandait en même temps à certains professionnels de santé, parmi lesquels audioprothésistes et orthophonistes, de « reporter les soins non-urgents pour les patients les plus fragiles ». Des consignes qui venaient confirmer celles adressées par le ministère de la Santé à l’Unsaf le 13 mars, considérant les audioprothésistes comme des « services essentiels », n’ayant pas « obligation de fermer ». Après concertation avec le Synea et le Synam, l’Unsaf appelait le 15 mars à « privilégier la fermeture ». « La population considérée comme la plus vulnérable représente 7 patients sur 10 pour les audioprothésistes, rappelait Luis Godinho, président de l’Unsaf. Nous ne pouvons pas prendre la responsabilité d’assurer une ouverture au public en dehors des urgences, au risque de mettre en danger notre patientèle et nos collaborateurs, a fortiori sans masques, ni gants, ni gel hydroalcoolique (voir notre article « Masques : un manque de transparence »). »

Continuité des soins urgents

Dès l’annonce du confinement, les syndicats publiaient leurs recommandations pour la mise en place d’un service minimum. Dans le même temps, la SFORL, le CNP ORL et le SNORL recommandaient de reporter consultations et interventions non urgentes et publiaient le 30 mars un récapitulatif du protocole de prise en charge. Un arrêté autorisait le 26 mars la continuité des soins en orthophonie, sous forme de télésoin. Plus de 2 000 centres d’audioprothèse ont également assuré une permanence pour les soins urgents, selon le site permanence-audio.fr mis en place par le Collège national d’audioprothèse et l’Unsaf (lire nos témoignages ci-contre). Olivier Véran, ministre de la Santé, ainsi que Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, ont salué l’organisation et la mobilisation des audioprothésistes dans une lettre adressée aux trois syndicats, les « remerciant » pour avoir rempli leur « mission de santé publique ». « Vos efforts sont à la mesure de la responsabilité de vos organisations professionnelles », ajoutaient- ils, en indiquant que « le respect des mesures de confinement ne [devait] pas conduire les Français à ne plus prendre soin de leur santé auditive ». Un message assorti de mesures de soutien économique en réponse à leur engagement sur le terrain.

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Au 17 avril 2020, le site www.permanence-audio.fr mis en place par le CNA et l’Unsaf recensait plus de 2 000 centres auditifs assurant une continuité des soins et des services.

L’heure est aujourd’hui à la reprise d’activité. Après deux mois de parenthèse, les professionnels de santé sont exsangues et circonspects. La période est en demi-teinte car au renoncement aux soins s’ajoute une capacité de rendez-vous bien moindre du fait des nécessaires règles de distanciation physique et des protocoles d’hygiène drastiques. Pour les aider, les syndicats ont rédigé leurs recommandations pour reprendre en tenant compte du nouveau paradigme qu’est le risque du Covid-19 (à lire sur notre site Internet). L’objectif : maîtriser le risque Covid-19 pour éviter toute perte de chance ou tout renoncement aux soins.

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